Louis Fréchette — La Légende d’un peuplePremière époqueCadieux ― C’est le Grand-Calumet, portage des Sept-Chutes !Cria José. Campons ! ― En deux ou trois minutes,Nous étions sur la rive, et près du flot ronflant,Notre canot halé reposait sur le flanc.Le soir tombait ; au loin sur les collines chauves,Un beau soleil couchant versait des lueurs fauves ;Pas un souffle de vent au fond des bois touffus ;Du rapide prochain les grondements confusDe cet endroit désert troublaient seuls le silence.Bientôt, dans un état de demi-somnolence,Après avoir, d’abord, mis le couvert auprèsD’un bon feu de bois sec allumé tout exprès,Nous écoutions José, qui, sur notre demande,Nous contait du pays la tragique légende.― Demain matin, dit-il, ― je traduis son récit, ―Nous pourrons visiter, à quelques pas d’ici,Un humble monument dressé sur une tombe.C’est une croix de bois vermoulue, et qui tombeEn ruine parmi des touffes de sureaux.Cette tombe, messieurs, c’est celle d’un héros !C’était à cette époque orageuse et lointaine,Où des Cinq-Nations la puissance hautaineDe massacres sanglants désolait le pays.Où, dressé sur le seuil de nos bourgs envahis,Le fantôme sanglant de l’Iroquois féroceTenait la colonie en une angoisse atroce.Un jour, tout un parti de francs coureurs des bois,Dans des canots aux flancs affaissés sous le poidsDe riches cargaisons, voyageurs intrépides,Descendait l’Ottawa de rapides en rapides.Un jeune homme au ...
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