Légende recueillie dans un chantier forestier de l’Ottawa
par le regretté Docteur J.-C. Taché. (Note de l’éditeur.)
À l’honorable M. Philippe Landry,
Président du Sénat Canadien.
C’était aux jours déjà lointains où l’Iroquois
Harcelait les colons, où les coureurs des bois,
Nés sur le sol normand et le granit kymrique,
Promenaient aux déserts vierges de l’Amérique
La force et la valeur des preux du monde ancien.
Parmi ces voyageurs un jeune Laurentien,
Cadieux, était surtout connu pour sa vaillance.
Issu de laboureurs, au sortir d’une enfance
Passée au bord d’un lac vaste comme le ciel,
Cadieux avait quitté le foyer paternel
Pour aller partager, libre de tout servage,
Le sort aventureux d’une tribu sauvage,
Qui pliait le genou devant le crucifix.
Les pères algonquins en lui voyaient un fils
Et chérissaient un chef ― le Chef-Blanc. À la chasse,
Il avait l’inlassable adresse de leur race.
Parlant maint dialecte indien, chaque printemps
Il servait d’interprète aux multiples traitants
Qu’attirait sur nos bords le trafic des fourrures.
Et, l’oreille toujours ouverte aux cent murmures
Des ondes et des bois, nuit et jour inspiré
Par la grande nature au langage sacré
Qui fit un immortel du mendiant Homère,
Dans les immensités de notre plage austère
L’aventurier devint poète, et ses chansons,
Qu’il rythmait sur le vol des souples avirons,
Abrégeaient la longueur de ses courses lointaines
Sur les flots orageux et sur les eaux sereines
Où le Progrès devait se frayer un chemin.
La ...
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