2
pages
Français
Documents
Écrit par
Georges Rodenbach
Publié par
Itol
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !
2
pages
Français
Documents
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Nombre de lectures
11
Langue
Français
I
Au loin, le béguinage avec ses clochers noirs,
Avec son rouge enclos, ses toits d'ardoises bleues
Reflétant tout le ciel comme de grands miroirs,
S'étend dans la verdure et la paix des banlieues.
Les pignons dentelés étagent leurs gradins
Par où montent le Rêve aux lointains qui brunissent,
Et des branches parfois, sur les murs des jardins,
Ont le geste très doux des prêtres qui bénissent.
En fines lettres d'or chaque nom des couvents
Sur les portes s'enroule autour des banderoles,
Noms charmants chuchotés par la lèvre des vents ;
La maison de l'Amour, la maison des Corolles,
Les fenêtres surtout sont comme des autels
Où fleurissent toujours des géraniums roses,
Qui mettent, combinant leurs couleurs de pastels,
Comme un rêve de fleurs dans les fenêtres closes.
Fenêtres des couvents ! attirantes le soir
Avec leurs rideaux blancs, voiles de mariées,
Qu'on voudrait soulever dans un bruit d'encensoir
Pour goûter vos baisers, lèvres appariées !
Mais ces femmes sont là, le coeur pacifié,
La chair morte, cousant dans l'exil de leurs chambres ;
Elles n'aiment que toi, pâle crucifié,
Et regardent le Ciel par les trous de tes membres !
Oh ! le silence heureux de l'ouvroir aux grands murs,
Où l'on entend à peine un bruit de banc qui bouge,
Tandis qu'elles sont là, suivant de leurs yeux purs
Le sable en ruisseaux blonds sur le pavement rouge.