— André LemoyneBeethoven et RembrandtÀ Charles Blanc. IBeethoven et Rembrandt, tous deux nés sur le Rhin,Dans leur mystérieuse et profonde harmonie,Vibrent d’accord. — Un sombre et lumineux GénieLeur a touché le front de son doigt souverain.Ces deux prédestinés ont des similitudes :Quelque chose de fier, de sauvage et de grandMarque pour l’avenir Beethoven et Rembrandt,Ennemis naturels des hautes servitudes.De leur temps, ils passaient pour des hallucinés :L’un voyant tout en or dans une chambre noire,L’autre écoutant des voix au fond de sa mémoire,Comme les Enchanteurs et les Illuminés.Mais qu’importe ! — Chez eux rien qui se mésallie. —Ils ont aimé toujours leur grand art d’amour pur.S’ils n’ont rien modulé sur un ton bleu d’azur,C’est qu’ils n’ont pas connu la Grèce ou l’Italie.Rembrandt peignait de fiers et sombres cavaliersSous feutre à larges bords ou toque à riche plume,À l’aise dans un ample et merveilleux costume,Sans raideur, à la fois graves et familiers ;Bourgmestres et syndics, honnêtes personnagesDont la barbe caresse un grand col rabattu,Des gens de haute mine et d’austère vertu,Trouvant la poésie au fond de leurs ménages ;Ou marins revenus d’un voyage au long cours,Des tempêtes du Cap, des îles de la Sonde,Dans leur pays de brume, au bout de l’Ancien Monde,Rejoignant au foyer de sérieux amours.Aux magiques lueurs de sa chaude lumière,Les pauvres, les souffrants, les humbles, les petits,Miraculeusement des ténèbres sortis ...
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