Victor Hugo — Odes et BalladesAu Colonel G.-A. GustaffsonHabet sua sidera tellus. Ancienne devise. I Ce siècle, jeune encore, est déjà pour l'histoire Presque une éternité de malheurs et de gloire. Tous ceux qu'il a vus naître ont vieilli dans vingt ans. Il semble, tant sa place est vaste en leur mémoire, Qu'il ne peut achever ses destins éclatants Sans fermer avec lui le grand cercle des temps. Chez des peuples fameux, en des jours qu'on renomme, Pour un siècle de gloire il suffisait d'un homme. Le nôtre a déjà vu passer bien des flambeaux ! Il peut lutter sans crainte avec Athène et Rome : Que lui fait la grandeur des âges les plus beaux ? Il les domine tous, rien que par ses tombeaux ! À peine il était né, que d'Enghien sur la poudre Mourut, sous un arrêt que rien ne peut absoudre. Il vit périr Moreau ; Byron, nouveau Rhiga. Il vit des cieux vengés tomber avec sa foudre Cet aigle dont le vol douze ans se fatigua Du Caire au Capitole et du Tage au Volga ! -- " Qu'importe ? dit la foule. Ah ! laissons les tempêtes Naître, grossir, tonner sur ces sublimes têtes ; Pourvu que chaque jour amène son festin, Que toujours le soleil rayonne pour nos fêtes, Et qu'on nous laisse en paix couler notre destin, Oublier jusqu'au soir, dormir jusqu'au matin ! " Que le crime s'élève et que l'innocent tombe, Qu'importe ? - Des héros sont morts ? paix à leur tombe ! Et nous-mêmes ?... qui sait si demain nous vivrons ? Quand nous ...
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