Théodore de Banville — Odes funambulesquesAcadémie Royale de Musique O Parnasse lyrique ! Opéra ! palais d’or !Salut ! L’antique Muse, en prenant son essor,Fait traîner sur ton front ses robes sidéralesEt défiler en chœur les danses sculpturales.Peinture ! Poésie ! arts encore éblouisDes rayons frissonnants du soleil de Louis !Musique, voix divine et pour les cieux élue,O groupe harmonieux, Beaux-Arts, je vous salue ! O souvenirs ! c’est là le théâtre enchantéOù Molière et Corneille et Mozart ont chanté.C’est là qu’en soupirant la Mort a pris Alceste ;Là, Psyché, tout en pleurs pour son amant céleste,A croisé ses beaux bras sur le rocher fatal ;Là, naïade orgueilleuse aux palais de cristal,Versailles, reine encore, a chanté son églogue ;Là, parmi les détours d’un charmant dialogue,Angélique et Renaud, Cybèle avec AtysOnt cueilli la pervenche et le myosotis,Et la Muse a suivi d’un long regard humideLes amours d’Amadis et les amours d’Armide.Là, Gluck avec Quinault, Quinault avec LulliOnt chanté leurs beaux airs pour un siècle poli :Là, Rossini, vainqueur des lyres constellées,Fit tonner les clairons de ses grandes mêlées,Et fit naître à sa voix ces immortels d’hier,Ces vieux maîtres : Auber, Halévy, Meyerbeer. C’est là qu’Esméralda, la danseuse bohème,Par la voix de Falcon nous a dit son poëme,Et que chantait aussi le cygne abandonnéDont le suprême chant ne nous fut pas donné.Ici Taglioni, la fille des sylphides,A fait trembler son ...
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