Auguste Lacaussade — Les SalaziennesÀ un ami I.Mes vers les plus aimés à toi je les adresse,A toi, dont l'amitié captiva ma tendresse ;De l'absence parfois pour charmer les douleursTes yeux les reliront en se voilant de pleurs ;Car ces vers, où pour moi le passé se reflète,S'ils ne sont pas l'accent d'une lyre poète,Charles, sur leurs défauts t'aveuglant à demi,Tu n'oublieras jamais qu'ils sont de ton ami.II.Hélas ! pourquoi le ciel près de ton innocenceN'a-t-il pas mis les jours de ma souffrance enfance ?Prodiguant tes clartés à mon ciel nuageux,Tu m'aurais partagé ta lumière et tes jeux ;Ta brise eût caressé ma tige humble et mobile,Ton ombre eût abrité mon front pâle et débile,Et la nuit, endormant notre berceau pareil,Eût porté dans mon sein la paix de ton sommeil ;Et l'aube, te baignant des pleurs de sa rosée,En eût aussi versé sur ma fleur épuisée ;Et, pour ton pauvre ami, ta nourrice et ta sœurAuraient eu dans leurs yeux un regard de douceur.Tout ce qui t'aime enfin : l'arbre dont le feuillageTe donne avec amour le frais de son ombrage,L'oiseau qui vient chanter aux bords de ton chemin,Le bengali qui boit dans le creux de ta main,Et la brise effeuillant les fleurs à peine éclosesPour embaumer ton air de la senteur des roses,Tout, voyant la bonté de ton amour pour moi,Tout m'eût peut-être aimé par amitié pour toi !...III.Mais non ! j'ai dû grandir souffrant et solitaire,Sans espoir, sans soutien, sans ami sur la terre ;De l'heure ...
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