À Madame la comtesse A.H.

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Victor Hugo — Odes et BalladesA Madame la comtesse A.H.Oh ! quel que soit le rêve, ou paisible, ou joyeux ...
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Victor HugoOdes et Ballades
A Madame la comtesse A.H.
Oh ! quel que soit le rêve, ou paisible, ou joyeux, Qui dans l'ombre à cette heure illumine tes yeux,
C'est le bonheur qu'il te signale ;
Loin des bras d'un époux qui n'est encor qu'amant, Dors tranquille, ma sœur ! passe-la doucement,
Ta dernière nuit virginale.
Dors ; nous prîrons pour toi, jusqu'à ce beau matin. Tu devais être à nous, et c'était ton destin,
Et rien ne pouvait t'y soustraire.
Oui, la voix de l'autel va te nommer ma sœur ; Mais ce n'est que l'écho d'une voie de mon cœur
Qui déjà me nommait ton frère.
Dors, cette nuit encor, d'un sommeil pur et doux, Demain, serments, transports, caresses d'un époux.
Festins que la joie environne,
Et soupirs inquiets dans ton sein renaissant, Quand une main fera de ton front rougissant
Tomber la tremblante couronne.
Ah ! puisse dès demain se lever sur tes jours Un bonheur qui jamais ne s'éclipse, et toujours
Brille, plus beau qu'un rêve même !
Vers le ciel étoilé laisse monter nos vœux. Dors en paix cette nuit où nous veillons tous deux,
Moi qui te chante, et lui qui t'aime.
Nuit du 19 au 20 décembre 1827
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