Victor Hugo — Les Feuilles d’automneÀ M. Louis B.À M. LOUIS B.Lyrnessi domus alta, solo Laurente sepulcrum.VIRGILE.Louis, quand vous irez, dans un de vos voyages,Voir Bordeaux, Pau, Bayonne et ses charmants rivages,Toulouse la romaine, où dans des jours meilleursJ’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs,Passez par Blois. — Et là, bien volontiers sans doute,Laissez dans le logis vos compagnons de route,Et tandis qu’ils joueront, riront ou dormiront,Vous, avec vos pensers qui haussent votre front,Montez à travers Blois cet escalier de ruesQue n’inonde jamais la Loire au temps des crues,Laissez là le château, quoique sombre et puissant,Quoiqu’il ait à la face une tache de sang ;Admirez, en passant, cette tour octogoneQui fait à ses huit pans hurler une gorgone ;Mais passez. — Et sorti de la ville, au midi,Cherchez un tertre vert, circulaire, arrondi,Que surmonte un grand arbre, un noyer, ce me semble,Comme au cimier d’un casque une plume qui tremble.Vous le reconnaîtrez, ami, car, tout rêvant,Vous l’aurez vu de loin sans doute en arrivant.Sur le tertre monté, que la plaine bleuâtre,Que la ville étagée en long amphithéâtre,Que l’église, ou la Loire, et ses voiles aux vents,Et ses mille archipels plus que ses flots mouvants,Et de Chambord là-bas au loin les cent tourelles,Ne fassent pas voler votre pensée entre elles.Ne levez pas vos yeux si haut que l’horizon,Regardez à vos pieds. —Louis, cette maisonQu’on voit, bâtie en pierre et ...
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