Leconte de LisleA l’ItaliePoèmes barbares, Librairie Alphonse Lemerre, s. d. (1889?) (pp. 253-258).A l’Italie C’est la marque et la loi du monde périssableQue rien de grand n’assied, avec tranquillité,Sur un faîte éternel sa fortune immuable.Mais, homme ou nation, nul n’est si haut portéQui ne puisse, au plus bas des chutes magnanimes,Donner un mâle exemple à la postérité.Toi qui, du passé sombre illuminant les cimes,Emportais l’âme humaine en ton divin essor,Ô fille du soleil, mère d’enfants sublimes !Martyre au sein meurtri, qui palpites encor,Toi qui tends vers des cieux muets et sans mémoire,Dans un sanglot sans fin, muse, tes lèvres d’or !Souviens-toi de ces jours sacrés de ton histoireOù tu menais le chœur des peuples inhumainsDe leur ombre sinistre à ton midi de gloire ;Où la vie ample et forte emplissait tes chemins,Où tu faisais jaillir de la terre sonoreD’éclatantes cités écloses sous tes mains ;Où le vieil orient, baigné par ton aurore,Comme ses rois anciens au berceau de ton dieu,Faisait fumer l’encens à tes pieds qu’il adore ;Où, le cœur débordant de passions en feu,D’Hellas, morte à jamais, tu consolais le monde ;Où tu courais, versant ta lumière en tout lieu !Oh ! Comme tu nageais, jeune, ardente et féconde,Dans ces flots immortels chers à la volupté !Comme tu fleurissais sur la neige de l’onde !Les peuples abondaient autour de ta beauté,Pleins d’amour, allumant leur pensée à tes flammes,Emportant ton parfum qui leur était ...
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