Hégésippe Moreau — P o é s i e sÀ Henri VHenri Cinq ! à ce nom n’augurez point d’outragePour l’héritier des lis, emporté par l’orage.Où l’on salue un roi, je ne vois qu’un enfant,Et respecte le front que sa candeur défend.Pourquoi te maudirai-je ? infortuné ! sans doute,Tu hais la royauté plus qu’on ne la redoute ;Je garde ma colère à tes bourreaux, à ceuxQui stimulent pour toi l’avenir paresseux,Et qui, pour t’ajuster à la robe virile,T’imposent un effort douloureux et stérile.Les cruels t’ont volé ton âge d’or ! ils ontImprimé sur le tien les soucis de leur front ;Te versant goutte à goutte une espérance acide,Ils consomment dans l’ombre un long infanticide.Ah ! maudit soit le jour, où Paris étonnéComme un présent d’enfer accepta Dieudonné !Hélas ! quand les valets du trône héréditaireDe l’auguste naissance adoraient le mystère,Quand le canon hurlait l’avis officiel,Par pitié pour la France et pour toi, plût au cielQu’un bohémien, fouillant dans ton berceau de fête,Au baptême royal eût dérobé ta tête !Tu pourrais aujourd’hui danser sous tes haillons,La chevelure au vent, courir les papilons,Moissonner, à pleins bras, les campagnes fleuries,Écloses sans parfum sur tes tapisseries,Et t’endormir à l’aise aux portes du palaisQui fait peser sur toi ses murs et ses valets,Ivre de joie et d’air, riche d’un budget mince,Tu vivrais mendiant, toi qui végètes prince.Dieu ne l’a pas voulu : sur des parquets luisants,Tu heurtes tes genoux au front ...
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