CicéronI. La vue de vos nombreuses assemblées, Romains, m'a toujours été bien agréable ; cette tribune m'a toujours semblé le théâtre leplus vaste et le plus beau d'où l'on puisse parler au peuple : et pourtant je me suis toujours tenu éloigné de cette carrière glorieuse,ouverte de tout temps et avant tout au mérite. Ne voyez pas là un effet de ma volonté, mais du plan de conduite que je me suis tracédès ma jeunesse. Jusqu'ici, c'était mon âge qui m'empêchait de m'élever jusqu'à la majesté de ce lieu ; j'étais persuadé qu'il n'y fallaitparaître qu'avec un génie consommé et mûri par l'étude ; j'ai donc pensé devoir consacrer tout mon temps à secourir mes amis.Aussi, voyant cette tribune toujours occupée par des hommes qui veillaient à vos intérêts, je me suis voué à prêter à de simplescitoyens en péril un secours empressé et désintéressé, et vos suffrages ont accordé à mes travaux la plus glorieuse récompense. Eneffet, à cause de la prorogation des comices, élu trois fois premier préteur par toutes les centuries, j'ai compris, Romains, et ce quevous pensiez de moi, et ce que vous exigiez des autres. Aujourd'hui, avec l'autorité que vous avez bien voulu me donner en meconférant ces honneurs, avec une habitude de la parole telle qu'a pu l'acquérir un homme actif par l'usage presque journalier desluttes du barreau, je vais user de cette autorité auprès de ceux à qui je la dois, et, si ma faible éloquence a quelque pouvoir, jetâcherai d'en faire sentir les effets ...
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