Léon TolstoïDernières ParolesMercure de France, 1905 (pp. 183-246).PENSÉES DÉTACHÉES DU JOURNALINTIME DU COMTE L. N. TOLSTOÏ[1]ET QUELQUES LETTRESLes positivistes, les libéraux, les révolutionnaires, et toutes les sectes soi-disantnon chrétiennes croient en cette même vérité du Christ en quoi nous croyons aussi,seulement pas à toute la vérité et sous un autre nom. C’est pourquoi, non seulementil ne faut pas discuter avec eux et se quereller, mais se lier d’amitié à eux. §La forme gouvernementale actuelle est un reste des procédés, nécessairesautrefois, maintenant inutiles. C’est par exemple, comme des boues qui grimpent lelong des murs ou des poteaux. Ce qui leur était utile autrefois (à l’état sauvage) leurest maintenant inutile.§J’ai donné à Stépan une explication concernant la fabrique. Le gros calicot coûtebon marché parce qu’on ne compte pas le nombre des hommes qui usent leursanté à ce travail et qui en meurent prématurément. Si, au relais de poste, on necomptait pas la perte des chevaux, la course serait très bon marché, et si l’onévaluait le prix des hommes au moins comme celui des chevaux, on verraitcombien coûterait chaque mètre de calicot. Les hommes vendent leur vie bonmarché, pas à son vrai prix. On travaille quinze heures par jour, et l’on quitte lemétier avec les yeux hagards, comme ceux des fous, et cela chaque jour.§Trois mille femmes, qui se lèvent à quatre heures, quittent leur travail à huit ; elles sedébauchent et, ...
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