The Project Gutenberg EBook of loge du sein des femmes, by �Claude-Fran ois-Xavier Mercier de Compi�gne �This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.orgTitle: loge du sein des femmes � Ouvrage curieuxAuthor: Claude-Fran ois-Xavier Mercier de Compi gne � �Release Date: June 17, 2006 [EBook #18610]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK �LOGE DU SEIN DES FEMMES ***Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the OnlineDistributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (Thisfile was produced from images generously made availableby the Biblioth que nationale de France (BnF/Gallica) at �http://gallica.bnf.fr)�LOGE DU SEIN DES FEMMESTIR� A 602 EXEMPLAIRES NUM ROT� S, SAVOIR:�400 exemplaires in-8 couronne, papier verg . � �150 -- -- carr , -- v� lin. � 30 -- -- -- -- chine. 30 -- -- -- -- whatman. 2 -- -- -- -- peau v lin. �N� 285OUVRAGE CURIEUXDANS LEQUEL ON EXAMINE S'IL DOIT TRE D� COUVERT S'IL EST PERMIS DE LE�TOUCHER QUELLES SONT SES VERTUS, SA FORME, SON LANGAGE, SON LOQUENCE�LES PAYS O � IL EST LE PLUS BEAU ET LES MOYENS LES PLUS SURS DE LECONSERVERPARMERCIER DE COMPI�GNEQUATRI �ME �DITIONREVUE, ...
The Project Gutenberg EBook of�loge du sein des femmes, by Claude-Fran�ois-Xavier Mercier de Compi�gne This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title:�loge du sein des femmes Ouvrage curieux Author: Claude-Fran�ois-Xavier Mercier de Compi�gne Release Date: June 17, 2006 [EBook #18610] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK�LOGE DU SEIN DES FEMMES ***
Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Biblioth�que nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
�LOGE DU SEIN DES FEMMES TIR�A 602 EXEMPLAIRES NUM�ROT�S, SAVOIR: 400 exemplaires in-8�couronne, papier verg�. 150 -- -- carr�, -- v�lin. 30 -- -- chine. -- --30 -- -- -- -- whatman. 2 -- -- -- peau v�lin. --N�285 OUVRAGE CURIEUX DANS LEQUEL ON EXAMINE S'IL DOIT�TRE D�COUVERT S'IL EST PERMIS DE LE TOUCHER QUELLES SONT SES VERTUS, SA FORME, SON LANGAGE, SON�LOQUENCE LES PAYS O�IL EST LE PLUS BEAU ET LES MOYENS LES PLUS SURS DE LE CONSERVER PAR MERCIER DE COMPI�GNE QUATRI�ME�DITION
REVUE, ANNOT�E ET CONSID�RABLEMENT AUGMENT�E [Illustration: Honni Soit Qui Mal Y Pense] PARIS A BARRAUD, EDITEUR-LIBRAIRE 23, RUE DE SEINE 1873
AVANT-PROPOS.
�Amsterdam un volume intitul�les _�_ il Ce fut en 1720 que parut T tons ; formait la troisi�me partie d'une s�rie o�figuraient d�j�les _Yeux_ et _ _ avait l�des�ouvr le Nez ; le frontispice ajoutait qu'il y ages curieux, galants et badins, compos�s pour le divertissement d'une certaine dame de qualit�, par J. P. N. du C.�Une annonce faite par un libraire hollandais, en 1721, informe le public que l'auteur se proposait de passer successivement en revue�toutes les parties du corps humain;�projet scabreux qu'il n'eut pas le temps d'effectuer ou dont les difficult�s l'arr�t�rent. Diverses indications permettaient d'ailleurs d'attribuer la r�daction de ce triple recueil��tienne Roger, libraire actif,�tabli�Amsterdam, et qui mettait volontiers la main aux livres qu'il offrait au public. Toutefois les bibliographes les plus accr�dit�s mettent l'oeuvre sur le compte de Jean-Pierre-Nicolas Ducommun, dit V�ron, dont les initiales cadrent fort bien avec l'�nonc� du titre, et qui est l'auteur de diverses pi�ces de vers (fort m�diocres) ins�r�es dans la troisi�me partie du recueil en question. Un quart de si�cle s'�coula, et le volume mis au jour�Amsterdam reparut avec le titre suivant: loge des t tons, ouvrage _� �curieux, galant et badin, en ve _�Francfort, 1746, rs et en prose , publi par * , ** cet Eloge fut derechef r imprim e de in-8. En 1775, _ _� �sous la rubriqu _Cologne,�l'enclume de v�rit�, 1775; on y joignit diverses _pi�ces _ amusantes et la Rinomachie ou Combat des nez . _ Vers la fin du si�cle dernier, vivait�Paris un litt�rateur m�diocre, mais actif, Claude-Francois-Xavier Mercier, surnomm�de Compi�gne, afin de le distinguer de divers autres Mercier; il�tait n�dans cette ville en 1763. Se trouvant sans ressources pendant les orages de la R�volution, il demanda�sa plume des moyens d'existence; il se fit le vendeur de ses�crits, et il les multiplia rapidement. Il r�digeait, il compilait, il traduisait, il composait en prose et en vers une multitude d'in-18 qui se succ�daient avec promptitude et qui portaient souvent l'empreinte de la rapidit�avec laquelle ils�taient�labor�s. Mercier d'ailleurs, il faut le reconna�tre, manquait de go�t, et son instruction�tait fort superficielle. Il a laiss�divers�crits dont il est inutile de rappeler les titres, mais qui excitent,�bon droit, les craintes du chaste lecteur; il aimait�traiter des sujets bizarres; il mit en fran�ais, en y joignant des additions assez consid�rables, une fac�tie de l'Allemand Rodolphe Goclemin, et il les publia sous le titre _ _ d' Eloge du pet , dissertation historique, anatomique et philosophique sur son origine, son antiquit�, ses vertus, sa figure, les honneurs qu'on lui a rendus chez les peuples anciens et les fac�ties auxquelles il a donn�lieu (1799, in-18). Longtemps oubli�s, les petits volumes sortis de l'officine de Mercier trouvent aujourd'hui des amateurs � � �_Eloge du tr s-dispos s les recueillir; dans le nombre figure l' sein des femmes_, publi��Paris en 1800; c'est un _riffacimiento_ du volume
dont nous avons mentionn�trois�ditions ant�rieures. Mais selon son usage, Mercier ne s'est point born��une simple reproduction; il a supprim�des longueurs, il a ajout�des d�tails nouveaux, il a ins�r� des pi�ces de vers parmi lesquelles il en est d'assez agr�ables; il a remani�la division du texte original, qui se trouve offrir trois chapitres nouveaux; il a joint�tout ceci une gravure due�un burin peu exerc�qui a reproduit gauchement un dessin lourd et maussade. Il e�t�t�facile de trouver sans doute un artiste mieux inspir�. Le petit volume en question est devenu assez rare, surtout en bon�tat; nous avons pens�que quelques amateurs feraient bon accueil�une quatri�me�dition de cet Eloge ; ils ne regretteront pas sans doute d'y _ _ trouver une sorte d'anthologie de ce que divers po�tes ont dit�propos du sein; nous avons d�nous borner�choisir, car si nous avions voulu tout reproduire, nous aurions grandement d�pass�les bornes que nous avons d�nous prescrire; mais nous esp�rons que nos recherches, dans des volumes assez peu connus parfois, nous auront amen�s�mettre la main sur des morceaux gracieux qu'on lira avec plaisir.
�PITRE D�DICATOIRE.
SONNET. _ trait�des Tetons L'auteur du Chante si haut sur la mati�re Qu'il donneroit musique enti�re, _ S'il descendoit de quelques tons. _� Mais comme sa muse est alti re, Il n'ira pas chez ses Martons, Chanter leurs tourelontontons, De l�jusqu'�la jarreti�re._ _ Si cependant du haut en bas, Il alloit pousser ses�bats; On entendroit belle harmonie! _ _V�nus, peinte par tous ses traits, Feroit�clater mille attraits _ Dans une telle anatomie. Par C. L. d'Ar. _Nota._ Nous avons supprim�l'�pitre d�dicatoire de Ducommun, sur l'�dition d'Amsterdam, 1720, parce qu'elle n'a rien de neuf, ni de piquant; nous la rempla�ons par une petite pi�ce de vers assez rare et qui vient ici fort�propos, puisqu'elle s'adresse aux dames. LES POMMES. Le ciel, pour enchanter les hommes, Vous a fait pr�sent de six pommes: Sur votre visage il a mis Deux petites pommes d'apis D'un bel incarnat empourpr�es, Et que nature a color�es: Les soucoupes et les cristaux Ne portent pas de fruits si beaux. Plus bas une fra�che tablette, En supporte deux de rainette;
Et l'on trouve encore plus bas Deux autres qu'on ne nomme pas. Elles sont de plus grosse esp�ce, Et n'ont pas moins de gentillesse: Ce sont deux pommes de rambour, Qu'on cueille au jardin de l'amour. Voil�trois paires de jumelles Qui font tourner bien des cervelles. �ve perdit le genre humain, N'ayant qu'une pomme�la main; Mais notre app�tissante m�re, En laissait voir deux sur son sein. Et l'attrait des fruits de Cyth�re, Dont l'aspect le mettait en train, Fit succomber notre bon p�re. Satan, dont l'esprit est malin, Entrait aussi dans le myst�re. Press�s, comme Adam, de manger, Nous p�tillons d'impatience Aupr�s du jardin potager Dont vous portez la ressemblance. Vive la pomme et les pommiers! Leur aspect seul nous ravigotte: On doit baiser les deux premiers, Avec les seconds on pelotte: Triomphe! amour! aux deux derniers. Heureux qui les met en compotte! [Illustration] �LOGE DU SEIN DES FEMMES.
CHAPITRE PREMIER. DES T�TONS, DE LEUR POUVOIR ET DE LEURS CHARMES.
J'avais d'abord le dessein de faire un trait�de la sup�riorit�du teint blanc sur le brun, et ces deux chansons de Cl. Marot m'en avaient fourni l'id�e:
DE LA BRUNE. Pourtant si je suis brunette, Amy, n'en prenez esmoy: Autant suis ferme et jeunette, Qu'une plus blanche que moy Le blanc effacer je voy. Couleur noire est toujours une, J'ayme mieux donc estre brune Avecques ma fermet�, Que blanche comme la lune Tenant de legeret�.
POUR LA BLANCHE. Pourtant si le blanc s'efface, Il n'est pas�despriser:
Comme luy le noir se passe, Il a beau temporiser. Je ne veux point mespriser, Ne mesdire en ma revanche: Mais l'ayme mieux estre blanche Vingt ou trente ans ensuivant En beaut�nayve et franche, Que noire tout mon vivant. Mais�quoi bon raisonner simplement sur les couleurs, lorsqu'il y a tant d'autres beaut�s plus solides chez les femmes! ce serait mal employer son temps, et abuser de la bont�de mes lectrices. Ce n'est donc, ni de vos pieds mignons, ni de vos belles mains potel�es, ni de vos yeux brillants, ni de votre joli petit nez, ni des autres parties de votre charmant ensemble, que je veux vous entretenir aujourd'hui. N'appr�hendez pas que je puisse vous faire rougir. Je suis de l'avis de Marot, lorsqu'il dit: Arri�re! mots qui sonnent salement, Parlons aussi des membres seulement Que l'on peut voir, sans honte, descouverts; Et des honteux ne souillons point nos vers. Car, quel besoin est de mettre en lumi�re Ce qu'est nature�cacher coustumi�re?... Ainsi, pour ne pas vous tenir plus longtemps dans l'incertitude, c'est l'�loge des t�tons que je vais faire. Le sujet est beau, il est grand, il a exerc�les g�nies les plus�lev�s. Le cavalier Marin appelle les t�tons des belles, deux tours vivantes d'alb�tre, d'o�l'amour blesse les amants: il les compare�deux�cueils, contre lesquels notre libert� vient faire agr�ablement naufrage: il les appelle deux mondes de beaut�s,�clair�s par deux beaux soleils, c'est-�-dire les yeux. Un po�te fran�ais, qui n'est gu�res moins ing�nieux que le cavalier Marin, moins magnifique dans ses peintures, mais plus juste et plus gai, les appelle dans une de ses chansons, deux pommes, et il ajoute: Heureux qui peut monter sans bruit Sur l'arbre qui porte ce fruit! Cyrano de Bergerac trouve mauvais que les�crivains modernes, qui veulent peindre une beaut�parfaite, emploient l'or, l'ivoire, l'azur, le corail, les roses et les lis: il n'a pas plus raison de les tourner en ridicule, parce qu'ils clouent les�toiles dans les yeux des belles, et qu'ils dressent des montagnes de neige�la place de leur sein: en effet, ces expressions pompeuses sont dignes de ces grands objets, et le sein des femmes a des charmes encore au-dessus de ceux de leurs yeux. C'est ce que Cotin nous d�montre par des vers sur une belle gorge: Dans l'entretien d�licieux De la charmante Iris dont je suis idol�tre, Va, pose, Amour, sur ses beaux yeux, Le voile qu'elle a mis sur sa gorge d'alb�tre. Quand le printems a banni la froidure, On ne voit point de si beaux lis Aux jardins les plus embellis Par les soins curieux qu'apporte la nature. Depuis que de mon coeur je fis l'heureuse perte, J'ai visit�bien des climats, En d�pit des chaleurs, en d�pit des frimats: Et si je n'ai point fait de telle d�couverte.
Pour voir un objet sans pareil, Il ne faut point courir sur tant de mers profondes, Ni voir l'un et l'autre soleil, Il faut voir ces deux petits mondes. Pour rendre de mon sort tout l'univers jaloux, Il suffit qu'�mes yeux leur blancheur on�tale; L'Aurore n'offrit rien�l'amoureux C�phale, De si charmant et de si doux. Ah! si, sans leur d�plaire, on osait les toucher, Et si deux belles mains n'y mettaient point d'obstacle, Serait-ce point, par un miracle, Amollir un coeur de rocher? Dans l'entretien d�licieux De la divine Iris, dont je suis idol�tre: Amour, en ma faveur, viens mettre sur ses yeux Le voile qu'elle a mis sur sa gorge d'alb�tre. Une belle gorge avait tant d'empire sur le coeur de Boursault, que pour en voir une,�travers la mousseline, il devenait amoureux jusques�la folie. C'est ce que prouvera ce beau fragment d'une lettre qu'il �crivait�son ami Charpentier: �Je vous ai fait promettre qu'apr�s d�ner nous irions ensemble chez la belle brune, avec qui nous jou�mes hier au logis de Mme Deshouli�res: je vous dispense de me tenir parole,�moins que vous ne me donniez caution bourgeoise pour la s�ret�de ma personne. Ce n'est pas que je doive rien appr�hender pour ma libert�. D�livr�de la tyrannie d'une blonde qui m'a fait soupirer quinze ou seize mois pour rien, j'ai fait serment de ne tomber de ma vie en de pareilles fautes; mais dans les tems de ma premi�re servitude, il m'est�chapp�tant de sermens, j'en ai tenu si peu, que je n'ose plus me mettre au hasard de jurer de rien. Je trouvai hier votre brune si bien faite, ses yeux me parurent si brillans, sa bouche si petite, sa gorge, que je ne vis que par les yeux de la foi, est, je crois, si belle, que si vous n'eussiez arrach�ma vue de dessus ses charmes, quand vous me f�tes souvenir qu'il�tait tems de nous en aller, je sentais d�j�ce que je sentis la premi�re fois que je commen�ai d'aimer. Mon coeur, que j'ai fait le gardien de ma franchise, m'a jou�tant de tours, que, si tant�t je vous accompagne�la visite que vous avez dessein de rendre, je gage que j'en reviens aussi charg� d'amour, que si on le donnait _pro Deo .� _ Le m�me auteur, faisant�sa ma�tresse le portrait d'une belle, marque bien expressivement la victoire assur�e que remporte une belle gorge sur une�me masculine. �En v�rit�, Babet, dit-il, si tu ne reviens bient�t de Bagnolet, tu cours risque de ne pas me trouver constant�ton retour. On me mena hier au bal, o�je trouvai une jeune personne qui n'a pas moins de belles qualit�s que toi. Elle a les cheveux d'un blond cendr�, tout-�-fait beau, mais qui n'approche pourtant pas de la couleur des tiens. Elle a le front grand et�lev�, mais le tien l'est encore davantage. Ses sourcils qui ne paraissent presque point, parce qu'ils sont blonds, se montrent toutefois assez, pour faire remarquer que leur sym�trie est la plus r�guli�re du monde. Ses yeux, qui sont aussi noirs que les tiens sont bleus, sont si bien fendus, qu'ils ne jettent jamais un regard, sans faire une conqu�te. Ils ont autant de vivacit�que les tiens ont de douceur, et ils semblent faits pour prendre de l'amour, comme les tiens pour en donner. On voit sur ses joues une nuance de blanc et d'incarnat si�clatante, qu'il semble qu'elle tienne des mains de l'art un pr�sent qui ne vient que de celles de la nature, qui a pris tant de peine apr�s elle, que, sans toi, qui es son chef-d'oeuvre, elle serait le plus beau
de tous ses ouvrages. Son nez, qui n'est ni trop grand ni trop petit, est justement comme il le faut, pour avoir beaucoup de ressemblance avec le tien: sa bouche, qui n'est pas si petite que la tienne, est plus petite qu'aucune autre que j'aie jamais vue. Elle a les l�vres si fra�ches et si vermeilles, que, depuis ton absence, je n'ai rien envisag�de plus charmant. Ses dents sont si blanches et si bien rang�es, que je lui faisais cent contes risibles, pour avoir le plaisir de les voir souvent. Le trou qu'elle a au menton me fait souvenir qu'elle en a encore aux joues, ce qui donne une merveilleuse gr�ce au reste de son visage. Pour sa gorge, on peut dire: Que c'est l�que l'Amour, pour lancer tous ses traits, Entre deux monts d'alb�tre est camp�tout expr�s. �Je te jure, Babet, que je n'ai jamais rien vu de si aimable; si mon _ _ gal�rien de coeur , qui n'�chappe jamais d'une cha�ne que pour tomber dans une autre, ne se contentait de la gloire de tes fers: Ma constance�branl�e allait faire naufrage.� N'est-ce pas la jolie gorge de Dorim�ne qui fait ainsi d�lirer Sganarelle, lorsqu'il dit: �O�allez-vous, belle mignonne, ch�re�pouse future de votre�poux futur? Eh bien! ma belle, c'est maintenant que nous allons�tre heureux l'un et l'autre! vous ne serez plus en droit de me rien refuser; je pourrai faire avec vous tout ce qui me plaira, sans que personne s'en scandalise. Vous allez�tre�moi, depuis la t�te jusqu'aux pieds, et je serai le ma�tre de tout! de vos petits yeux�veill�s, de votre petit nez fripon, de vos l�vres app�tissantes, de votre petit menton, de vos petits t�tons rondelets, de votre, etc. Enfin toute votre personne sera �ma discr�tion, et je serai�m�me pour vous caresser comme je voudrai. N'�tes-vous pas bien aise de ce mariage, mon aimable pouponne?� On croira peut-�tre que ce discours de Sganarelle est une gradation, et que ce qu'il laisse en blanc, est le plus fort objet de sa passion; je le veux bien, mais en ce cas, il a le go�t un peu trop terrestre et grossier. Tel est celui de l'auteur des vers suivants,�sa ma�tresse, sur un mal de gorge: Il est bien peu galant de vous prendre�la gorge, Ce mal qui dedans vous regorge; C'est�tre�vous saisir un des plus maladroits; Si j'avois, comme lui, sur vous droit de m'�tendre, Et, comme lui, le choix de ce qu'on peut vous prendre, Je vous saisirois bien par des meilleurs endroits. Que dira-t-on de la pens�e d'un autre auteur qui dit: l'amour ressemble �un jeu de paume; quand une fille se laisse baiser la main, cela vaut quinze; si elle souffre que l'on prenne un baiser sur ses l�vres, cela vaut trente; si elle permet que ce soit sur la gorge, cela vaut quarante-cinq: il ne faut plus qu'un coup, et le jeu est gagn�. Je raconterai l'histoire suivante, parce qu'elle est vraie: �On a souvent parl�de la force du sang, mais on n'a pas aussi souvent parl�de la gorge; quoi-qu'avec beaucoup de raison, on appelle aujourd'hui les t�tons, le _boute-en-train_. Le fait suivant prouve admirablement leur vertu, qu'on peut nommer de r�surrection, et de r�surrection de la chair. Dans la plupart des�glises papistes o�la superstition�tait dominante, il se faisait des c�r�monies tout�fait extravagantes. La ville de...�tait un des plus fameux th��tres de ces repr�sentations de myst�res ridiculement fanatiques. C'�tait une coutume �tablie de temps imm�morial, de repr�senter chaque ann�e, dans la
semaine sainte, les myst�res de la passion. Pour aller au solide, sans s'amuser�la bagatelle, on ne manquait pas, le jour du vendredi saint, d'offrir aux d�vots spectateurs une sc�ne burlesque du crucifiement du Sauveur du monde. On choisissait pour cela un jeune homme de la ville, auquel on faisait porter une croix fort pesante,�laquelle on l'attachait avec des cordes au lieu de clous, et dans une nudit�presque compl�te. Je dis presque, parce que l'impudeur n'�tait pas encore parvenue au point de d�voiler certaines parties qui doivent�tre cach�es. On les voila donc chez notre jeune homme avec une ceinture de papier. Il faut remarquer que le jouvenceau�tait le corps du monde le mieux form�, le plus vigoureux en apparence, et de la plus belle carrure d'�paules. Et que la m�me coutume faisait choisir entre les plus belles filles de la ville, trois tendrons qu'on aurait pris pour des V�nus, pour repr�senter les trois Maries pleurantes au pied de la croix. On n'avait pas seulement�gard aux traits r�guliers du visage, ni�la finesse de la taille, on voulait qu'elles fussent encore richement pourvues du grand mobile de la tendresse, je veux dire fournies de t�tons�l'Anglaise, que l'on laissait en pleine libert�d'�mouvoir la copie du Christ. Or, l'ann�e o�se passa le fait que je raconte, le choix fut si bon (les pr�tres se connaissent en attraits) que l'on mit sous la croix, dans le beau d�sordre de la douleur, les trois filles les plus ravissantes. On e�t pris chacune d'elle pour V�nus, ou toutes trois pour les Gr�ces. Elles ne furent pas plut�t sous les yeux du crucifi�, qu'elles firent miracle, je veux dire que, malgr�la situation o�il �tait, et la majest�de son personnage, les trois Maries produisirent l'effet le plus�tonnant que puisse peindre la chronique scandaleuse. Notre Hercule galant, post��l'avantage, avait en perspective une demi-douzaine de t�tons capables, par leur systole et leur diastole, de subjuguer la vertu du plus froid anachor�te, ce qui occasionna un incident tr�s-comique et tr�s-profane, car le crucifi�, au lieu de prononcer du haut de sa croix des paroles dignes de celui qu'il repr�sentait, pronon�a des turpitudes dignes de l'abolition�ternelle d'une c�r�monie aussi ind�cente, et telles en un mot qu'on peut les deviner. Enfin, n'y pouvant plus tenir, il ne put s'emp�cher de crier: �Otez donc de devant mes yeux les trois Maries, ou le papier va crever.�Le scandale que fit na�tre une telle action, et des paroles qui compromettaient�ce point la religion, firent rentrer l'archev�que en lui-m�me, et lui firent comprendre qu'elles l'exposaient�la ris�e publique. Il supprima donc un usage, ou plut�t un abus qui tendait directement au m�pris du culte, de mani�re qu'il n'en fut plus parl� depuis[1]. [Note 1:�variste Parny, auteur, en l'an VII,�_ uerre du po me de la G des Dieux_, dans lequel on ne reconna�t plus le chantre d�licatement voluptueux d'�l�onore , du Lendemain , et de la _Journ�e champ�tre_, a _ _ _ _ fait usage de cette anecdote dans le deuxi�me chant de ce po�me, premi�re�dition. Il l'a supprim�e dans la seconde�dition, et c'est peut-�tre un second tort. C'est dans cet�loge qu'il a trouv�ce myst�re qu'il fait jouer�la famille de Dieu: il n'a donc pas eu le m�rite d'une grande invention dans ce po�me. Pensant que le lecteur en sera satisfait, nous reproduisons ce morceau, qui du reste tient ici naturellement sa place: Du Paradis la troupe infatigable, Pour terminer, joua la Passion, Et joua bien. Les convi�s, dit-on, Go�t�rent peu ce drame lamentable. Mais un malheur qu'on n'avait pas pr�vu Du d�nouement�gaya la tristesse: Bien flagell�, le h�ros de la pi�ce �tait d�j�sur la croix�tendu. On choisissait pour ce r�le p�nible Un jeune acteur intelligent, sensible,
Beau, vigoureux, et sachant bien mourir, Il�tait nu des pieds jusqu'�la t�te: Un blanc papier qu'une ficelle arr�te Couvrait pourtant ce que l'on doit couvrir. Charmante encore apr�s sa p�nitence, La Magdel�ne au pied de la potence Versait des pleurs: ses longs cheveux�pars, Son joli sein qui jamais ne repose, Du crucifi�attirait les regards. Il voyait tout, jusqu'au bouton de rose; Quelquefois m�me il voyait au-del�. Pr�t�mourir, cet aspect le troubla. Il tenait bon; mais quelle fut sa peine, Quand le feuillet vint�se soulever! �Otez, dit-il,�tez la Magdel�ne! Otez-la donc, le papier va crever.� Soudain il cr�ve; et la Vierge elle-m�me Pour ne pas rire a fait un vain effort. �Le tour est bon, dit le P�re supr�me, On le voit bien, le dr�le n'est pas mort.�] Un peintre peut venir�bout de repr�senter aux yeux toutes les gr�ces d'un beau visage. Il�choue ordinairement, quand il essaye de peindre une belle gorge. La Motte en pourrait�tre une preuve dans le portrait suivant: Toi, par qui ta toile s'anime. Peintre savant, prends ton pinceau: Et qu'�mes yeux ton art exprime Tout ce qu'ils ont vu de plus beau. Ne m'entends-tu pas? peins Silvie: Mais choisis l'instant fortun� O�, pour le reste de ma vie, Mon coeur lui fut abandonn�. Au bal, en habit d'Espagnole, Elle�toit un masque jaloux, Plus promptement qu'un trait ne vole, Je fus perc�de mille coups. Peins ses yeux doux et pleins de flamme, D'o�l'Amour me lan�a ses traits; D'o�ce Dieu s'asservit mon�me, En un instant et pour jamais. Peins son front plus blanc que l'ivoire. Si�ge de l'aimable candeur; Ce front, dont V�nus feroit gloire. S'il y brilloit moins de pudeur. Poursuis, peins l'une et l'autre joue, La honte des roses, des lis; Et sa bouche o�l'Amour se joue, Avec un�ternel souris. Peins sa gorge.... Mais non: arr�te.... Ici, ton art est surmont�; Ah! quelques couleurs qu'il appr�te, Tu n'en peux rendre la beaut�. Laisse cet inutile ouvrage; Ah! de l'objet de mon ardeur Il n'est qu'une fidelle image:
Que l'Amour grava dans mon coeur. La pi�ce suivante prouve que la gorge des mortelles est digne de plus d'amour et d'admiration que celle des d�esses m�me, et que ces derni�res en conviennent, ce qui est plus extraordinaire encore: Au temps de l'aimable saison, Iris r�vant dans la prairie, S'endormit sur un mol gazon Tapiss�d'une herbe fleurie. Z�phire, charm�de son teint, Qui d'un vif incarnat se peint, Vint d'abord faire le fol�tre, Autour de sa gorge d'alb�tre. Jalouse d'un transport si doux, Flore gronda son infidelle, Et lui dit, pleine de courroux: Me pr�f�rer une mortelle! Z�phire qui se sentoit fort, Reparti: Voyez cette belle! Flore jeta les yeux sur elle, Et convint qu'il n'avait pas tort. Il n'est donc plus�tonnant qu'en traduisant l'inimitable Anacr�on, un de nos po�tes fran�ais ait dit: Que ne suis-je la fleur nouvelle Qu'au matin Clim�ne choisit, Qui sur le sein de cette belle Passe le seul jour qu'elle vit! _�_� �velopp�de Le Po te sans fard a trouv fort bon ce souhait, et l'a d cette mani�re: H�las! trop cruelle Silvie, Permettez au moins que j'envie Le beau sort de certaines fleurs Dont vous vous parez avec gr�ce, Et dont votre beau teint efface Toutes les plus vives couleurs. Oui: je voudrois�tre la rose Que vous placez sur votre sein. D'une telle m�tamorphose Quel est, direz-vous, le dessein? Le voici: par vos mains cueillie, Mon destin seroit des plus doux; Je n'aurois qu'un seul jour de vie, Mais je ne vivrois que pour vous. Un po�te anacr�ontique du dix-neuvi�me si�cle, non moins grand admirateur de cette belle portion des charmes du sexe qui fait tourner la t�te au n�tre, exprime ainsi le m� d'me souhait�tre chang�en , rose[2]: AIR: Je vais quitter ce que j'adore. _ _ Vive, de la m�tempsycose Le syst�me consolateur, Par lui mon esprit se repose Sur un avenir enchanteur. Que mon�tre se d�compose, L'espoir m'offre un riant tableau: L'Amour, sous les traits d'une rose, Me promet un�tre nouveau.
AIR: Une fille est un oiseau. _ _ Oh! comme je jouirais De cette m�tamorphose! Sur le sein d'une autre Rose Comme je m'�talerais! Centuplant pour plaire�Rose, De mes doux parfums la dose, Avec plaisir je m'expose, A mourir sur ses attraits: Mourir!... oui; mais je suppose Que je puis d'une autre chose �_ _ Prendre encor la forme apr s. ( bis .) [Note 2: Voy. _Le Bouquet de roses, ou le Chansonnier des Gr�ces_, premi�re ann�e, Favre, Palais-�galit�.] Le plaisant et�rotique Le Pays, dans la lettre suivante adress�e�sa Caliste, souhaite aussi de mourir sur son sein: �Quand je sortis hier de chez vous, j'en sortis avec une bonne r�solution de m'aller tuer, afin d'avoir l'honneur de vous plaire une fois en ma vie, et de vous d�faire pour jamais d'une personne incommode; mais jusques ici je n'ai pas ex�cut�mon dessein,�cause de l'embarras o�je me suis trouv��choisir un genre de mort. J'eus d'abord envie d'imiter feu C�ladon, d'amoureuse m�moire, et de m'aller pr�cipiter dans la rivi�re; mais j'eus peur que l'eau ne me rejet�t sur les bords, aussi bien que lui, et que je ne fusse recueilli par quelques nymphes pitoyables qui, malgr�moi, me sauvassent la vie. Il me prit aussi fantaisie de m'aller pendre�votre porte,�l'imitation du pendart Iphis; mais je m'imaginai que ce seroit vous d�shonorer que de faire un gibet de votre porte; outre que c'est un genre de mort pour lequel j'ai eu de l'aversion d�s le temps que j'�tois petit enfant. Je pensai aussi�m'empoisonner, mais je crus que du poison ne seroit pas capable de m'�ter la vie, non plus qu'�Mithridate,�cause de la grande habitude que j'en ai faite. N'�tant pas mort depuis si longtemps que je me nourris de crainte, de chagrin, d'inqui�tude et de d�sespoir, qui sont les poisons du monde les plus violents, apparemment je ne pourrois pas mourir pour prendre de l'arsenic ou de l'antimoine. Je n'oubliai pas aussi qu'un poignard mis dans le sein�toit un bon exp�dient pour mourir: mais je crus que je ne devois pas choisir ce genre de mort qu'avoit choisi une femme qui mourut de regret d'avoir fait une chose que je meurs de regret de ne pouvoir faire. Mon d�sespoir est trop diff�rent de celui de Lucr�ce, pour ne pas mourir d'une mort diff�rente. Enfin, Caliste, j'ai pass�la nuit�chercher sans pouvoir trouver la mort dont je devois mourir. Au reste, ne croyez pas que ce soit la mort qui m'�tonne, ce n'est que la mani�re de mourir qui m'inqui�te: car, pour vous dire le vrai, apr�s avoir v�cu avec tant de chagrin, je voudrois bien mourir d'une mort qui me donn�t un peu de plaisir. Je viens de penser�une qui seroit tr�s-bien mon affaire: ce seroit, Caliste, de mourir entre vos bras, _p�m�sur votre sein_. Je sens bien en mon coeur que je n'ai pas d'horreur pour cette mort comme pour se noyer, s'empoisonner, se pendre ou se poignarder. Obligez-moi donc en me laissant mourir de cette sorte; car, puisqu'enfin vous voulez que je meure, que vous importe que ce soit de douleur ou de plaisir?� Je serais tent�de croire qu'il y a, dans le charme attach��une belle gorge, un talisman, de la magie et de l'enchantement; ce qui pourtant d�truit cette id�e, c'est le sonnet suivant, adress��des belles qui demandaient un secret, un sortil�ge et des paroles magiques pour se faire aimer: Pourquoi me demander la ruse criminelle