La parenthèse Je descends trop vite de l'escalier. Poursuivant les quart de rond, survolant les girons. J'avale les marches, dans une ogresque cascade. Affamée de fin. Et sur le palier dans le coco d'un tapis, je me prends les pieds. Enrayée la souplesse de ma jeunesse. Révélée la fragilité de l'âge. Le Médecin jeune et charmant, en me prescrivant radios et examens complémentaires, me parle d'ostéoporose ! Moi, la pas encore retraitée, la femme aux multiples activités, il me fait entrer de plein pied dans une case. La case des gens âgés ! Et il minaude, tournant autour du pot. Miaulant : « hormones, vitamines D, décalcifié... » Comme un chat, il me fixe, telle une vieille souris. Moi, je regarde la peau tuméfiée, distendue de ma cheville. Dans sa comparaison, avec l'autre saine, elle devient plus ronde, sans plis, sans rides. En posant ma main sur elle, si chaude, si pleine, je vois sur mes doigts, mes articulations en nœuds exorbités, saillir de ma peau fripée. Je retire ma main, je la replie, l'enfermant pour ne laisser apparaître qu'un poing aux tissus repassés. Et mon geste le fait sourire. Un sourire courtois, juste une ébauche de rire, sûrement retenu, 1 contenu dans son élan de moquerie. Il verra bien quand il aura doublé ses années ! Puis il m'aide, à me lever. Précautionneux, s'enquérant de la douleur de l’appui, de la pression du bandage.
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