Léon GozlanLittérature maritimeRevue des Deux Mondes, Période Initiale, tome 5, 1832 (pp. 46-80).Ce n’est point l’histoire de la mer que je prétends écrire. Je veux simplement indiquer ce que la littérature française peut emprunterde jeunesse, d’éclat, de majesté, de formes inconnues, à l’existence révélée de cette civilisation toujours progressive des hommesde mer, de cette civilisation qui, comme toutes les autres, a eu sa tanière, puis ses palais ; qui a commencé par le tronc d’arbre lancéd’une rive à l’autre, et qui est arrivée aujourd’hui à ce point, de parcourir en quelques jours, avec quelques sacs de charbons, huithommes et deux roues, un diamètre de la terre.Sans trop chercher pourquoi toutes les découvertes dans les arts, tous les progrès dans les mœurs, ont créé avec eux, ou à côtéd’eux, une littérature fraternelle ; sans citer les temps d’Auguste, qu’on ne saurait concevoir à part de Virgile, les guerres civiles deCésar et de Pompée, à part de Lucain qui est à Virgile ce que l’acier est à l’or, le casque à la couronne ; on pourrait se demanderpar quelle étrange solution, l’histoire naturelle ayant eu, chez nous, son poète didactique comme elle, Delille ; la philosophie sonmoniteur intrépide, Voltaire ; les lois leur prophète, Montesquieu ; il se fait que la navigation avec ses annales de triomphes et derevers sous l’abri de notre pavillon, soit tombée, sans immortaliser une plume, dans le commun usage de la vie. En nous accordantsur ses phases, ...
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