Numéro 6 Ils sont là, je le sais. Je ne les vois pas, je ne les entends pas non plus, mais je sais qu’ils sont là. Je me faufile doucement dans la maison. J’ouvre et je ferme les portes le plus discrètement possible, pour être sûre qu’ils ne m’entendent pas. En arrivant, j’ai levé les yeux et vu que les lumières de la chambre étaient allumées, faiblement, mais allumées. Du pas le plus léger dont je suis capable, je monte l’escalier, et je commence à les entendre. Les bruits sont bas, feutrés, étouffés même, mais je les entends. Deux voix, ou plutôt deux tonalités de voix. Ils ne parlent pas, ils s’expriment, sans parole, uniquement avec des sons. Certains sont graves et un peu rauques, les autres beaucoup plus aigus et légers. Lui, et Elle. J’arrive sur le pallier et je m’approche de la porte entrouverte de la chambre. NOTRE chambre. Des petits rires étouffés s’échappent de la pièce, quelques soupirs aussi. J’ai l’impression d’être dans un rêve, ou un cauchemar, je ne sais pas, mais pas vraiment dans la réalité. Tout me parvient de façon floue, un peu cotonneuse et au ralenti. A travers l’embrasure de la porte, je vois les lampes de chevet allumées et les doubles rideaux à moitié tirés. Il y a des bougies aussi, posées un peu partout sur les meubles, et de l’encens. Un parfum un peu lourd, suave, pas désagréable, mais qui ne ressemble pas du tout à ce qu’il aime d’habitude. J’ai du mal à les apercevoir par l’entrebâillement de la porte.
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