Numéro 3 C’est le bruit de l’eau qui bout et l’odeur du café qui m’a réveillé. J’ai ouvert lentement les yeux et j’ai tendu l’oreille. En bas, je devine plus que je n’entends ses pas dans le salon, dans la cuisine. Elle ouvre puis referme la porte de la salle de bain. J’ai à peine entendu l’eau couler. Elle a une façon de se déplacer presque furtive. Je sais qu’elle fait très attention, pour ne pas me réveiller. Ça doit lui demander un gros effort sur elle- même, parce que le reste du temps, vivant seule, même en appartement, elle peut tout de même faire à peu près le bruit qu’elle veut. Elle a des horaires bizarres. Elle vient chez moi, en bord de mer, face à l’océan, loin de tout, pour se ressourcer et se reposer, mais elle ne peut pas s’empêcher de se lever avant le soleil, même en été, comme maintenant. Le jour pointe à peine, et elle a déjà mis la cafetière en route. Maintenant, elle va sortir dans le jardin, faire un tour en humant l’air de la mer, et elle reviendra se servir un café qu’elle prendra sur la terrasse, alanguie sur une chaise longue. J’entends un bruit de clés dans la porte, les gons qui grincent légèrement, puis la porte se referme. Je me lève, je m’habille rapidement et je descends. Elle a ouvert les volets du séjour, et je la vois qui s’éloigne vers la grève, en bordure du jardin.
Voir