Dans la moiteur des serres d’Auteuil Une nouvelle érotique de Michel Bellin Chaque année, aux approches de mai, mon quartier vit au rythme d’un tournoi de légende : Roland-Garros. Tandis que des hordes de touristes BCBG déguisés en tennismen d’opérette se perdent à nouveau dans les méandres de la ligne 10 du métro, je rejoins la petite troupe des militants pour le sauvetage des serres historiques de Jean-Camille Formigé. Mes amis s’étonnent d’ailleurs que je m’implique tant dans ce combat écolo, moi qui me désintéresse du tennis à peu près autant que je méprise le golf. Disons que mes raisons sont surtout sentimentales et bien peu avouables, même si – pour faire avancer notre cause sacro-sainte – je vais aujourd’hui fort impudiquement lever le voile sur cet écrin végétal menacé qui fut un jour pour votre l’homosensualité (nul n’est parfait !) la plus débridée. serviteur le Temple de En fait, ce n’est pas le culte de Jean-Camille qui continue de m’enflammer chaque année dès qu’approche l’été, mais le souvenir ému d’Isidore, le Prince de l’anthurium. Au tout début du nouveau siècle, mon fleuriste s’appelait Isidore. Sans doute s’appelle-t-il toujours ainsi mais sa boutique magique a disparu du ème 16 Sud. Bref, mon Isidore avait repris le magasin minable qui osait s’autoproclamer pompeusement «La charmille des Hespérides».