Lettres de deux habitans de la Ferté-sous-JouarreRevue des Deux Mondes T.7, 1836Lettres de deux habitans de la Ferté-sous-JouarreI. De l’Abus qu’on fait des adjectifs septembre 1836.II. Les HumanitairesIII. Les JournauxIV. Les ExagérésLettres de deux habitans de la Ferté-sous-Jouarre : 02A M. le Directeur de la Revue des deux Mondes.II. Les HumanitairesMon cher Monsieur,Que les dieux immortels vous assistent, et vous préservent des romans nouveaux ! Nous vous écrivons derechef, mon ami Cotonet etmoi, touchant une remarque qu’on nous a faite c’est que, dans notre lettre de l’autre fois, nous vous disions que nous ne comprenionspas le sens du mot humanitaire, et qu’on nous l’a très bien expliqué.Celui qui nous a démontré la chose est un muscadin de Paris. C’est un gaillard qui en dégoise ; il porte une barbe longue d’une aune,des pantalons collans, un habit à larges revers ; et un bolivar sur la tête, si bien qu’on ne sait, quand on le regarde, si on voit Ponce-Pilate, ou un truand du moyen-âge, ou un quaker, ou Robespierre ; mais cela ne lui messied pas. Il vient d’arriver par le coche, et vousne sauriez croire l’effet qu’il produit ici : c’est une berlue à dormir debout ; on ne sait où l’on est quand il parle, ni ce qu’on entend, nil’heure qu’il est ; c’est quelque chose comme un aérolithe ; il vous cause du ciel et de l’enfer, de l’avenir et de la Providence, ni plus nimoins que s’il était conseiller privé du Père Éternel. Nous l’avons eu à dîner à la ...
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