Les ressources de Quinola de M. de BalzacGaschon de MolènesRevue des Deux Mondes4ème série, tome 30, 1842Les Ressources de Quinola de M. de BalzacEn vérité, c’est avec regret et douleur que j’écris cette page de notre histoirelittéraire, et pourtant les faits ne me manqueraient pas pour la rendre vivante etcurieuse. Jamais le nom d’artiste n’a été plus prodigué qu’à notre époque, jamaison n’a fait un plus bruyant étalage de tous les sentimens d’honneur, d’élévation, dedésintéressement et de franchise, qu’un pareil nom doit comporter. Dans cestemps de doute et de déception, l’art est pour nous une parole magique, un mot deralliement et d’espérance qui me rappelle, par les sympathies qu’il éveille, par lesenthousiasmes qu’il excite, le grand mot si passionnément aimé, si mal compris deJean-Jacques et de son siècle, le mot de vertu. Julie, Saint-Preux, Volmar,s’écrient : « Vertu ! vertu ! » à chaque page de la Nouvelle Héloïse ; il n’est pas unlivre aujourd’hui où l’on ne parle sans cesse de l’art ; poètes, romanciers, critiques,tout le monde fait sonner ce beau nom. Eh bien ! il en est parmi nous qui s’efforcentde rendre cette religion aussi mensongère que l’a été celle du XVIIIe siècle. LeXVIIIe siècle était débauché : les élans vers la vertu se tournaient chez les écrivainsen transports et en tendresses d’homme ivre aux soupers de Mlle. Quinaut. Notresiècle est industriel les élans vers l’art se tourneront, si on n’y prend garde, endésirs effrénés de ...
Voir