Jean JaurèsLes PreuvesL’Illusion tenaceL’ILLUSION TENANCEIEt voici l’illusion tenace qui caractérise l’état spécial de M. Bertillon.Deux ans après, quand on lui eut fourni la preuve que l’écriture du bordereau était identique à celle d’Esterhazy, quand il l’eut reconnului-même, il persista à soutenir que le bordereau n’avait pu être fabriqué que selon son système à lui.Le colonel Picquart dépose qu’après avoir eu en main des lettres d'Esterhazy, il les a soumises à M. Bertillon :M. Bertillon, dés que je lui eus présenté la photographie, me dit : C’est l’écriture du bordereau. — Je lui dis : Ne vous pressez pas ; voulez-vousreprendre cet échantillon et l’examiner à loisir ? — Il me répliqua : Non, c’est l’écriture du bordereau ; d’où tenez-vous cela ?Ainsi, pour M. Bertillon, dès qu’on lui soumet, sans lui dire quelles sont ces pièces, des lettres d’Esterhazy, l’identité entre l’écriture dubordereau et l’écriture de ces lettres a éclaté. Il ne le nie pas devant la cour d’assises.Voici ses paroles, confirmant celles du colonel Picquart :En déposant le papier sur la table, je lui ai dit : C’est encore l’affaire Dreyfus ? — Il m’a dit : Oui... enfin, je voudrais savoir votre opinion. ― J’airegardé cette écriture et je lui ai dit : Cela ressemble singulièrement à l’écriture du bordereau...Le colonel Picquart lui laissa la lettre d’Esterhazy pour l’étudier à loisir, et M. Bertillon ajoute :Je fis ce que me demandait le colonel Picquart : je fis photographier ...
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