Paul VerlaineŒuvres complèteseVanier (Messein), 1904 (3 éd.) (pp. 12-31).Nous avons eu l’honneur de connaître M. Arthur Rimbaud. Aujourd’hui des chosesnous séparent de lui sans que, bien entendu, notre très profonde admiration aitjamais manqué à son génie.A l’époque relativement lointaine de notre intimité, M. Arthur Rimbaud était unenfant de seize à dix-sept ans, déjà nanti de tout le bagage poétique qu’il faudraitque le vrai public connût et que nous essaierons d’analyser en citant le plus quenous pourrons.L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovaled’ange en exil, avec des cheveux châtain-clair mal en ordre et des yeux d’un bleupâle inquiétant. Ardennais, il possédait, en plus d’un joli accent de terroir trop viteperdu, le don d’assimilation prompte propre aux gens de ce pays là, — ce qui peutexpliquer le rapide dessèchement sous le soleil fade de Paris, de sa veine, pourparler comme nos pères, de qui le langage direct et correct n’avait pas toujours tort,en fin compte !Nous nous occuperons d’abord de la première partie de l’œuvre de M. ArthurRimbaud, œuvre de sa toute jeune adolescence, — gourme sublime, miraculeusepuberté !— pour ensuite examiner les diverses évolutions de cet esprit impétueux,jusqu’a sa fin littéraire.Ici une parenthèse, et si ces lignes tombent d’aventure sous ses yeux, que M. ArthurRimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes et soitassuré de notre complète ...
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