Les Jeux populaires de l’enfance à RennesLouis Esquieu1890LESJEUX POPULAIRESDE L’ENFANCE[1]À RENNESI. — LES TEMPS.« Les traditions se perdent », a-t-on l’habitude de répéter. Plus que tout autre, celuiqui recherche les traditions populaires a l’occasion de le constater et de ledéplorer. Il y a quelques années seulement, vous eussiez demandé à un enfantjouant à la toupie pourquoi il prenait ce jeu chaque jour et non celui de la thèque oudes canettes, qu’il vous eût imperturbablement répondu : « Parce que ce n’est pasle temps des canettes ou de la thèque. » La réponse eût été la même si, l’annéeétant plus avancée, vous lui aviez adressé votre demande pendant qu’il jouait auxpalets ou à la thèque.En effet, ces jeux, que l’on croirait livrés au caprice de la gent turbulente qui animenos carrefours de sa bruyante agitation, sont ou plutôt étaient réglementés par laforce de l’habitude, qui voulait qu’à telle époque on jouât à ceci et pas à autrechose.Dès les premiers jours du printemps, les enfants se glissaient dehors, munis de latoupie suspendue au bout de sa corde, et faisant des moulinets redoutables pourles devantures des magasins, se rendaient dans quelque rue non pavée, où ilsétaient sûrs de rencontrer des camarades. Il a toujours existé entre les enfants unesorte de franc-maçonnerie, et sans rien se dire ils savent où se retrouver.Alors là s’engageaient de ces formidables parties également dangereuses pour lesjambes des promeneurs et les ...
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