Le Thibet et les études thibétainesThéodore PavieRevue des Deux Mondes T.19 1847Le Thibet et les études thibétainesI.La géographie qui, pendant tant de siècles, reposa sur de vagues récits, sur des suppositions hasardées, souvent même sur deserreurs, est devenue de nos jours une science exacte. Elle s’est enrichie, presque subitement, en puisant aux sources abondantesque l’étude mieux comprise de l’antiquité, les explorations récentes et la connaissance des langues de l’Orient, lui ont ouvertes dumême coup. Nous n’avons donc plus, comme nos pères, à rêver des pays chimériques. La fable s’envole devant la réalité, et l’Asie,terre des prestiges, s’éclaire sur tous les points. Cependant il y a encore, dans cette vaste partie du monde, des contrées à moitiémystérieuses, oubliées plutôt qu’inconnues, sur lesquelles on ne possède pas un ensemble de notions précises et complètes. C’estparticulièrement sur les régions montagneuses de l’Asie centrale, sur l’immense plateau du Thibet, que porte l’obscurité que noussignalons. Dans ces Cordilières menaçantes où elle a caché les sources des plus grands fleuves qui arrosent la Chine, l’Inde en-deçà et au-delà du Gange et la Tartarie, la nature semble avoir multiplié à dessein les obstacles qui arrêtent les pas du voyageur. Làse dressent les pics les plus élevés du globe, séparés entre eux par de profondes vallées que des neiges ou des torrens impétueuxne permettent guère de franchir. De rares caravanes arrivant de la ...
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