Le RetourHeinrich Heine(1823 - 1824)1Une douce image luisait autrefois dans ma si sombre vie ; maintenant elle s’esteffacée et je suis enveloppé de nuit.Quand les enfants se trouvent dans les ténèbres, leur cœur se serre et pour chasserleur angoisse, ils se mettent à chanter bien fort.Moi aussi, fol enfant, je chante aujourd’hui dans les ténèbres ; si mon chant manquede gaîté, du moins m’a-t-il délivré de l’angoisse.21LORELEI Je ne sais ce que signifie la mélancolie qui m’accable ; il est un conte des vieuxâges qui ne me sort pas de l’esprit.L’air est frais, la nuit tombe et le Rhin coule silencieux ; le sommet de la montagnes’illumine des rayons du couchant.Là-haut, merveilleusement belle, — la plus belle vierge est assise ; sa parure d’orétincelle ; elle peigne ses cheveux d’or.Elle les peigne avec un peigne d’or, tout en chantant une chanson, d’une mélodieenivrante et funeste.Le batelier dans sa barquette, pris d’un égarement farouche, ne voit plus les récifsdu fleuve ; son regard est rivé là-haut sur la montagne.Je crois qu’à la fin les vagues engloutissent batelier et bateau ; et c’est la Loreleiqui a causé cela avec sa chanson.1 C’est ici le plus pur joyau de la ballade allemande. La Lorelei (ce nom vient peut-être du rocher de Lurlei qui se trouveproche Saint-Goar, sur le Rhin, entre Bingen et Coblenz) a été véritablement créée par Henri Heine. Les poètes, aprèslui, l’ont très fréquemment chantée. Les uns font d’elle la déesse même du ...
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