Le Parfum de la dame en noirGaston LerouxIX.Arrivée inattendue du « vieux Bob »>uand on vint frapper à ma porte, vers onze heures du matin, cependant que la voix de la mère Bernier me transmettait l’ordre deRouletabille de me lever, je me précipitai à ma fenêtre. La rade était d’une splendeur sans pareille et la mer d’une transparence telleque la lumière du soleil la traversait comme eût fait d’une glace sans tain, de telle sorte qu’on apercevait les rochers, les algues et lamousse et tout le fond maritime, comme si l’élément aquatique eût cessé de les recouvrir. La courbe harmonieuse de la rivementonaise enfermait cette onde pure dans un cadre fleuri. Les villas de Garavan, toutes blanches et toutes roses, paraissaientfraîches écloses de cette nuit. La presqu’île d’Hercule était un bouquet qui flottait sur les eaux, et les vieilles pierres du châteauembaumaient.Jamais la nature ne m’était apparue plus douce, plus accueillante, plus aimante, ni surtout plus digne d’être aimée. L’air serein, la rivenonchalante, la mer pâmée, les montagnes violettes, tout ce tableau auquel mes sens d’homme du Nord étaient peu accoutumésévoquait des idées de caresses. C’est alors que je vis un homme qui frappait la mer. Oh ! il la frappait à tour de bras ! J’en auraispleuré, si j’avais été poète. Le misérable paraissait agité d’une rage affreuse. Je ne pouvais me rendre compte de ce qui avait excitésa fureur contre cette onde tranquille ; mais celle-ci devait évidemment lui ...
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