Le Parfum de la dame en noirGaston LerouxXIII.Où l’épouvante de Rouletabille prend des proportions inquiétantes>t c’est vrai qu’il était littéralement épouvanté. Et je fus effrayé moi-même plus qu’on ne saurait dire. Je ne l’avais jamais encore vudans un état d’inquiétude cérébrale pareil. Il marchait à travers la chambre d’un pas saccadé, s’arrêtait parfois devant la glace, seregardait étrangement en se passant une main sur le front comme s’il eût demandé à sa propre image : « Est-ce toi, est-ce bien toi,Rouletabille, qui penses cela ? Qui oses penser cela ? » Penser quoi ? Il paraissait plutôt être sur le point de penser. Il semblaitplutôt ne vouloir point penser. Il secoua la tête farouchement et alla quasi s’accroupir à la fenêtre, se penchant sur la nuit, écoutant lamoindre rumeur sur la rive lointaine, attendant peut-être le roulement de lapetite voiture et le bruit du sabot de Toby. On eût dit une bête à l’affût.… Le ressac s’était tu ; la mer s’était tout à fait apaisée… Une raie blanche s’inscrivit soudain sur les flots noirs, à l’Orient. C’étaitl’aurore. Et, presque aussitôt, le Vieux Château sortait de la nuit, blême, livide, avec la même mine que nous, la mine de quelqu’un quin’a pas dormi.— Rouletabille, demandai-je presque en tremblant, car je me rendais compte de mon incroyable audace, votre entrevue a été bienbrève avec votre mère. Et comme vous vous êtes séparés en silence ! Je voudrais savoir, mon ami, si elle vous a raconté « ...
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