Le dernier humoriste anglais, Charles LambPhilarète ChaslesRevue des Deux Mondes4ème série, tome 32, 1842Le Dernier Humoriste anglais, Charles LambI.- THE LETTERS OF CHARLES LAMB,by th. n. talfourd.II.- POEMS AND ESSAYS,by charles lamb.On peut avoir vécu à Londres fort long-temps, et n’avoir jamais aperçu Chancery-Lane.Ce n’est point une rue, ni une allée, ni un impasse, ni un carrefour, ni une ruelle, niun passage ; c’est quelque chose d’obscur et d’inouï, où quelques gens de loi, decommerce et de banque, sont venus établir leur sanctuaire. Vous y trouvez, mêléesdans une harmonie rougeâtre, et sur un fond bitumineux taché d’ocre, et de corail,toutes les couleurs lugubres. Les maisons y sont hautes et de brique, mais d’unebrique vénérable, bronzée par les vapeurs, cuite par le soleil, noircie par le temps ;— d’une brique brune, brun-rouge, brun-pâle, brun-vert, mordorée et glacée dejaune, qui me charmait singulièrement en 1818. Cette impression était-elle exacte ?Je n’en jurerais pas ; c’est ainsi que la gamme des nuances qui embellissentChancery-Lane a déteint sur mon imagination, jeune alors. Là j’ai vu Charles Lamb,le charmant humoriste ; là j’ai fait mes premières armes littéraires. Il eût écrit àpropos de Chancery-Lane une digression délicieuse, lui, le prosateur naïf et fin, —une de ces pages nonchalantes, babillardes et descriptives, amusantes pour lelecteur, et (ce qui vaut aussi quelque chose) pour l’auteur.Ce coin de Londres et ...
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