Variétés historiques et littéraires, Tome VILe Cochon mitré, dialogue.1688Le Cochon mitré,1Dialogue .L’abbé Furetière, Scarron.L’abbé Furetière.Ah ! je vous trouve enfin, Monsieur Scarron, après vous avoir cherché inutilement !Je ne sçai pas le temps que j’y ai mis, car, à vous dire le vrai, je suis fort desorientédepuis que je ne vois plus de Soleil ni de Lune.Scarron.Qui êtes-vous, ne vous deplaise ? car vous voyez, ou vous ne voyez pas, que lesmorts n’ont ni barbe au chapeau, ni rien qui fasse reconnoître la difference du sexe.Je ne sçai si je suis homme ou femme, car, lorsque je me tâte, je ne trouve rien.L’abbé Furetière.Je suis l’abbé Furetière. J’ai poursuivi en vain un evêché pour pouvoir vivre en2cochon ; mais, dans le temps que je l’esperois le plus , la Parque a coupé la trame3de mes jours un peu plus avant qu’au milieu de ma course .Scarron.Oh ! vous soyez le bien venu, Monsieur l’Abbé ! Vous ne serez pas icy tout à fait4comme dans Paris, mais aussi vous y entendrez moins de tabut et de tracas. Aureste, je ne sçai ce que c’est ni de procez, ni de maladie, ni de maltote, depuis quej’y suis. Comment vous y trouvez-vous ?L’abbé Furetière.Je n’y ai pas encore senti de froid. Pour si bien fourré que je fusse là haut, j’y etoispresque toujours transi durant six mois.Scarron.Je vous repons que le froid ne vous rendra jamais transi dans ces bas lieux ; ceuxqui font les esprits-forts là haut ne courent pas risque de se morfondre dans ...
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