Conan DoyleLe Chien des BaskervilleMort sur la landeXIIMORT SUR LA LANDEPendant une ou deux minutes, la surprise me suffoqua ; j’eus toutes les peines du monde à en croire mes oreilles. Cependant je meressaisis et, en même temps que je reprenais ma respiration, je sentis mon âme soulagée du poids de la terrible responsabilité quil’oppressait. Cette parole froide, incisive, ironique, ne pouvait appartenir qu’à un seul homme.« Holmes ! m’écriai-je…. Holmes !— Venez ! me dit-il… et ne faites pas d’imprudence avec votre revolver. »Je me courbai pour passer sous le linteau de la porte, et, près de la hutte, j’aperçus mon ami, assis sur une pierre. À la vue de monvisage étonné, ses yeux gris papillotèrent de joie.Holmes paraissait amaigri, fatigué, mais toujours aussi vif et aussi alerte. Dans son complet de cheviotte, avec son chapeau de drapsur la tête, on l’aurait pris pour un simple touriste visitant la lande. Soigneux de sa personne comme un chat de sa fourrure — c’estune de ses caractéristiques — il s’était arrangé pour avoir son menton aussi finement rasé et son linge aussi irréprochable que s’il fûtsorti de son cabinet de toilette de Baker street.« Je n’ai jamais été plus heureux de voir quelqu’un, fis-je, en lui secouant les mains.— Ni plus étonné, hein ?— Je l’avoue.— Croyez bien que ma surprise a égalé la vôtre. Comment supposer que vous auriez retrouvé ma retraite momentanée…. Jusqu’àvingt mètres d’ici, je ne me serais pas douté que vous ...
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