Les Caquets de l’AccouchéeLe Caquet de l’AccouchéeLE CAQUETDE L’ACCOUCHÉE1M.DC.XXII .Nouvellement relevé d’une grande et penible maladie, de laquelle j’avois esté fortbien pensé, me donna le subject de me gouverner doresnavant par le regime devivre que l’on m’en donneroit : pour quoy je fis assembler deux medecins de diversaages et diverses humeurs, qui, après m’avoir veu en bon estat, chacun d’eux dictson advis sur mon futur gouvernement et pour retourner en ma pristine santé.Le plus jeune oppina le premier, et me dit qu’il donnoit conseil à autruy selon qu’ilse gouvernoit luy-mesme, qui estoit d’aller souvent en sa maison des champs poursecoüer l’oreille de la tulippe et du martigon, faire cinq ou six tours de jardin,prendre la dragme du vin clairet, puis monter sur son mulet et s’en revenir soupperà Paris, et qu’ainsi l’air des champs divertissoit les mauvaises humeurs, restauroitles membres et reveilloit l’esprit.L’autre medecin, plus vieil, fut d’advis que ce plaisir estoit trop court, et que,souvent reyteré, en fin il ennuyoit plus qu’il ne donnoit de plaisir ; pour son regard,qu’il ne trouvoit point un plus grand divertissement d’esprit que la comedie, latragedie et la farce, et que souvent il la faisoit joüer en sa presence, et par ses2enfans mesmes , sans avoir esgard à ce vieux dicton : Corrumpunt morescolloquia prava, et quoy que, parmy ces jeux, les enfans impriment mille astuces etfallaces en leurs ames, se mocquans ordinairement de ...
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