Le Capitaine BurleÉmile Zola1882Le Capitaine BurleComment on meurtPour une nuit d’amourAux champs :La BanlieueLe BoisLa RivièreLa Fête à CoquevilleL’InondationLe Capitaine Burle (nouvelle)IIl était neuf heures. La petite ville de Vauchamp venait de se mettre au lit, muette et noire, sous une pluie glacée de novembre. Dansla rue des Récollets, une des rues les plus étroites, les plus désertes du quartier Saint-Jean, une fenêtre restait éclairée, au troisièmeétage d’une vieille maison, dont les gouttières rompues lâchaient des torrents d’eau. C’était madame Burle qui veillait devant unmaigre feu de souches de vigne, pendant que son petit-fils Charles faisait ses devoirs, dans la clarté pâle de la lampe.L’appartement, loué cent soixante francs par an, se composait de quatre pièces énormes, qu’on ne parvenait pas à chauffer l’hiver.Madame Burle couchait dans la plus vaste ; son fils, le capitaine-trésorier Burle, avait pris la chambre donnant sur la rue, près de lasalle à manger ; et le petit Charles, avec son lit de fer, était perdu au fond d’un immense salon aux tentures moisies, qui ne servaitpas. Les quelques meubles du capitaine et de sa mère, un mobilier Empire d’acajou massif, dont les continuels changements degarnison avaient bossué et arraché les cuivres, disparaissaient sous les hauts plafonds, d’où tombait comme une fine poussière deténèbres. Le carreau, peint en rouge, froid et dur, glaçait les pieds ; et il n’y avait, devant les sièges, ...
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