243
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
243
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
Publié par
Nombre de lectures
23
EAN13
9782824712499
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
REN É BAZI N
LE BLÉ QU I LÈV E
BI BEBO O KREN É BAZI N
LE BLÉ QU I LÈV E
0101
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1249-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1249-9Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
La mar che des bûcher ons
. Le v ent d’ est mouillait la crête des moes,
activait la moisissur e des feuilles tombé es, et couv rait les tr oncsL d’arbr es, les baliv e aux, les herb es sans jeunesse et molles depuis
l’automne , d’un v er nis résistant comme celui que les maré es soufflent sur
les falaises. La mer était loin cep endant, et le v ent v enait d’ailleur s. Il
avait trav er sé les forêts du Mor van, p ay s de fontaines où il s’était tr emp é ,
celles de Montsauche et de Montr euillon, plus près encor e celle de Blin ; il
courait v er s d’autr es massifs de l’immense réser v e qu’ est la Niè v r e , v er s
la grande forêt de T r onçay , les b ois de Cr ux-la- Ville et ceux de
SaintFranchy . L’atmosphèr e semblait pur e , mais dans tous les lointains,
audessus des taillis, à la lisièr e des coup es, dans le cr eux des sentier s, quelque
chose de bleu dor mait, comme une fumé e .
— T u es sûr , Renard, que le chêne a cent soix ante ans ?
— Oui, monsieur le comte , il p orte même son âg e é crit sur son cor ps :
v oilà les huit traits r oug es ; je les ai faits moi-même , au moment du
bali1Le blé qui lè v e Chapitr e I
vag e .
— Eh ! oui, tu l’as sauvé , et maintenant on v eut que je le condamne
à mort ! Non, Renard, je ne p eux p as ! Cent soix ante ans ! Il a v u cinq
g énérations de Me ximieu. . .
— Ça fait tout de même le tr ente-deuxième bisancien qu’ on ép ar gne !
À ces âg es-là , en ter r e mé dio cr e , comme chez nous, le chêne ne gr ossit
plus, il ne fait que mûrir . Enfin, monsieur le comte est libr e ; il s’ar rang era
av e c monsieur le mar quis.
Le g arde se tut. Sa figur e r oug e aude et rasé e e xprimait le dé dain d’un
sous-ordr e qui fut omnip otent, p our l’administration qui lui a succé dé . Il
était deb out, un p eu en ar rièr e , coiffé d’une cap e de v elour s v ert, au chaud
et à l’aise dans un complet de v elour s de même nuance que la cap e ; ses
mains, cr oisé es sur son v entr e , tenaient un car net entr ouv ert : « État des
arbr es anciens du domaine de Fonteneilles », et ses jamb es, tr op grêles
p our ce gr os cor ps, lui donnaient l’air d’une marionnee allemande p osé e
sur des crins. Il considérait le p atr on. Le p atr on souriait au chêne et lui
disait tout bas : « Allons ! mon b el ancien, te v oilà sauvé ; je r e viendrai te
v oir , quand tes feuilles aur ont p oussé . » L’arbr e montait, effilé , élég ant,
laissant tomb er l’ ombr e vivante de ses branches sur les taillis dé vastés.
— V ois-tu, Renard, r eprit Michel de Me ximieu, qui suivait sa p ensé e ,
je les aime bien, mes arbr es : ils ne me demandent rien, je les connais de
longue date , je v ois leur p ointe de la fenêtr e de ma chambr e , ils sont des
amis plus sûr s que ceux qui les abaent.
— Race de fainé ants, les bûcher ons, monsieur le comte , de bracos, de
pr opr es à rien, de . . .
— Non, mon ami, non ! S’ils ne faisaient que tuer mon gibier , je leur
p ardonnerais v olontier s. T out ce que je v eux dir e , c’ est que ce sont des
âmes diminué es, comme tant d’autr es.
— Parbleu ! les braconnier s ne gênent p as ceux qui ne chassent p as :
mais moi, je chasse ! dit Renard à demi-v oix.
Son maîtr e n’ eut p as l’air d’ entendr e . Il tenait dans sa main g auche ,
p endante le long du cor ps, une hachee à marte au p our mar quer les
arbr es. Après un instant, il r emit l’instr ument dans la g aine de cuir p
endue à sa ceintur e . Il considérait maintenant le vaste chantier qu’il était
v enu insp e cter , dix he ctar es de taillis pr esque entièr ement coup é , où les
2Le blé qui lè v e Chapitr e I
bûcher ons travaillaient encor e , chacun dans sa ligne balisé e , dans « son
atelier », p ar mi les stèr es de b ois empilé et les tas de ramille . À l’angle de
cee coup e , v er s l’ est, une autr e coup e s’amor çait, et il y avait entr e elles
un détr oit sinueux, une g org e comme entr e deux plaines.
— Allons ! Renard, assez de cee vilaine b esogne ! Retour ne au
châte au ! T u diras à mon pèr e que je r e viendrai p ar le car r efour de
Fonteneilles.
— Bien, monsieur le comte .
— T u diras aussi à Baptiste d’aeler la victoria, p our conduir e le g
énéral au train de Corbigny .
Le g arde fit demi-tour à g auche , s’éloigna d’un p as vig our eux et r
ele vé , et l’ on entendit quelque temps le br uit de ses br o de quins, qui
heurtaient les cép é es et brisaient les r onces.
Michel de Me ximieu v enait d’ obéir à un ordr e qui lui avait semblé dur
et même humiliant. En mar s, et plusieur s mois après la v ente des b ois,
consentie à un mar chand du p ay s, il avait dû, sur l’ ordr e de son pèr e ,
sacrifier un grand nombr e d’arbr es primitiv ement réser vés, les désigner
lui-même à la cogné e et, p our cela, les « contr emar quer » en effaçant les
traits r oug es et en donnant un coup de marte au dans le flanc de l’arbr e .
Peut-êtr e en avait-il tr op ép ar gné , comme disait Renard ; mais lui, il
s’accusait et il souffrait d’av oir tr op bien obéi.
Michel était un homme jeune , vig our eux et laid. Sa laideur v enait
d’ab ord d’un défaut de pr op ortions. Il était de taille mo y enne , mais les jamb es
étaient longues, et le buste était court et la tête massiv e . A ucune
régularité , non plus, aucune har monie , dans ce visag e qu’ on eût dit sculpté
p ar la main ré aliste et puissante d’un ouv rier du mo y en âg e : un fr ont
bas sous des che v eux châtains, dur s, qui faisaient ép er on au milieu, sur
la p e au mate ; des y eux bleus, enfoncés et légèr ement inég aux ; un nez
lar g e ; de longues lè v r es, – le plus e xpr essif de ses traits, lè v r es rasé es,
lè v r es d’ orateur p eut-êtr e , si l’