La propriété en FranceRevue des Deux Mondes T.8, 1836La Propriété en FranceRien ne prouve mieux à quel point la France diffère de la Grande-Bretagne, par ses tendances sociales, que le mouvement et l’étatde la propriété dans les deux pays. Ici l’on rencontre la plus extrême concentration, et là le plus extrême morcellement. D’un côté de laManche, le sol, possédé par un petit nombre de propriétaires et exploité par un petit nombre de fermiers, est, pour ainsi dire, endehors du domaine commun ; de l’autre côté règne la loi agraire, chacun a sa part de cette propriété déchirée en lambeaux. Il sembleque la Providence ait voulu donner l’Angleterre et la France en exemple, celle-ci de l’égalité poussée jusqu’à ses dernièresconséquences, celle-là des excès et des abus de l’inégalité.Dans le royaume uni comme sur le continent, la grande propriété est d’origine féodale. Ce fut la conquête qui, réunissant les terres enfiefs, en forma de vastes héritages immobilisés dans les familles par la loi. Mais partout ailleurs, et à mesure que la loi est devenueplus démocratique, la propriété, se divisant, est tombée par degrés dans les mains innombrables de la bourgeoisie. En Angleterre, lesol n’a pas changé de maîtres pendant que la liberté s’étendait ; et cela se conçoit, la concentration de la propriété étant favoriséepar les mœurs autant que par les institutions.Par l’effet du caractère national et des circonstances qui ont servi à le développer, la richesse, dans cette ...
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