La Nuit des Morts, légende géorgienneHenri CantelRevue des Deux Mondes T.36, 1861La Nuit des Morts, légende géorgienneA M. le baron Paul ThénardJe vous envoie de Tiflis une légende géorgienne. Tiflis est le centre de l’isthmecaucasique, foulé par tant de peuples, arrosé de tant de sang, et où chaquepeuplade a laissé de douloureux et poétiques souvenirs; mais tout est grâce sousle beau ciel d’Asie, et l’imagination orientale a semé çà et là «ses fleurs et sesperles,» comme dit le poète Hafiz. Les contes et les traditions abondent auCaucase, surtout dans la Géorgie, vaste cimetière de nations disparues, où se sontsi souvent heurtées et égorgées la civilisation chrétienne et la barbariemahométane.A vingt-six verstes de Tiflis sommeille l’ancienne capitale de la Géorgie, cité dontl’origine se perd dans une obscurité qui échappe à l’histoire. M t z k h è t a (nousl’appellerons Khèta, par pitié pour les oreilles françaises) est à cette heure, unmisérable village qui garde encore de sa splendeur passée une grande cathédraleoù reposent les tombeaux des rois géorgiens. En face de Mtzkhèta, séparées d’ellepar le Koura et la rivière de l’Aragwi, qui y jette ses eaux, s’élèvent, au sommet d’unroc à pic, les ruines majestueuses du couvent de la Sainte-Croix, en languegéorgienne T z m i n d a - D j w a r i. D’après une croyance religieuse et populaire, tous lesans, dans la nuit du 2 novembre, fête des Morts, sur le plateau du monastère de laSainte-Croix, d’où ...
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