L’INFANTICIDE.Écoutez : les cloches résonnent d’un son sinistre et l’aiguille de l’horloge achève sa course. Eh bien ! au nom de Dieu, qu’il en soitainsi. Compagnons du tombeau, allons au supplice. Reçois, ô monde, mes derniers baisers d’adieu, reçois ces larmes: ô monde,que tes poisons étaient doux ! Nous sommes quittes, ô monde, empoisonneur de l’âme !Adieu, joyeuse lumière du soleil, il faut t’échanger contre une tombe froide. Adieu, délicieux temps des roses, qui si souvent enivre lajeune fille; adieu, rêves tissus d’or, fantaisies, enfants du paradis étouffés, hélas ! dans votre germe naissant, pour ne plus jamaisreparaître !Jadis je portais la robe sans tache de l’innocence, des rubans roses, des fleurs ornaient mes blonds cheveux flottants.Hélas ! la victime de l’enfer porte encore la robe blanche; mais un crêpe noir remplace les rubans roses.Pleurez sur moi, vous qui n’avez jamais failli, vous à qui la nature donna, avec la tendresse du cœur, la force héroïque, vous qui voyezencore fleurir le lis de l’innocence. Malheur à moi ! mon cœur s’est attendri, et l’émotion que j’éprouvai est la hache de mon supplice.Malheur à moi ! dans les bras d’un homme parjure la vertu de Louise s’endormit !Hélas ! pendant que je m’en vais vers le tombeau, peut-être que cet homme au cœur de vipère m’oublie auprès d’une autre, s’égayeà une table de toilette, joue avec les cheveux de sa nouvelle conquête, et reçoit le baiser qu’elle lui donne, tandis que sur l’échafaudmon ...
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