L’Enseignement supérieur en FranceGaston Tissandier1873L'Enseignement supérieur en FranceLes révélations qui ont été faites à la Sorbonne, il y a environ un mois, en présencedes délégués des Sociétés savantes, sont bien de nature à exciter l’attention detous ceux que préoccupent les intérêts du pays. Il résulte avec une cruelle évidence,de l’éloquent exposé de M. Jules Simon, alors ministre de l’instruction publique, quela France, assez riche, disait-on jadis, pour payer sa gloire, assez opulenteaujourd’hui pour payer ses défaites, est trop pauvre pour assurer à l’instructionpublique un budget vraiment digne d’une nation civilisée. Il ressort nettement dudiscours énergique de l’honorable orateur, que l’État ne dépense pas plus de86,000 francs par an, pour l’entretien de la faculté des lettres, de la Faculté dessciences, des Écoles de médecine et de droit. 86,000 francs, pour former desécrivains, des savants, des médecins, des législateurs, pour préparer la générationsur laquelle le pays fonde son avenir ! On ne saurait trop méditer ce chiffre navrant,pour en rougir.Il est manifeste que les sciences sont actuellement dépourvues des ressources lesplus nécessaires à leur développement ; et cela, au moment où tout le mondecomprend, qu’une renaissance n’est possible que par les bienfaits de l’instructionet de la science. « La résurrection commencera seulement le jour où l’on pourra[1]complétement et facilement travailler, c’est-à-dire être un savant tout ...
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