Revue bleue, t. 19, 1903
L. Delpon de Vissec
L’Émigration européenne aux États-Unis
L’Émigration européenne aux États-Unis
New-York, le 25 mars.
Quel résultat donnerait à la longue le mélange des diverses races de l’Europe, s’il
leur était possible de s’unifier en s’assimilant les unes aux autres ? Voilà un
problème tout spéculatif, que l’ethnographie n’a jamais eu lieu d’étudier, ses
recherches se limitant au passé. Mais il existe un pays où ce problème est dès à
présent posé, et qui pourra sans doute un jour lui donner une réponse. Les États-
Unis, depuis le début des grandes émigrations européennes dont ils ont été le
terme pendant tout le siècle dernier, assistent à une curieuse expérience de
psychologie ethnique qui s’opère au sein de la nation américaine, mais dont il ne
sera permis, avant longtemps encore, d’apprécier les conséquences. Cette nation
fut d’ailleurs de tout temps un mélange. Quand elle s’émancipa, après la guerre
d’indépendance, les colons anglais ne furent pas seuls à la constituer. Quatre
autres nationalités se trouvaient auprès de la leur sur le même continent : des
Français, des Espagnols, des Hollandais et des Suédois. Plus tard, après 1820,
quand l’immigration commença à se faire sentir, presque toutes les nations du
globe vinrent la grossir tour à tour d’un contingent plus ou moins important, et, à part
quelques dépressions momentanées, ce mouvement s’accentua d’année en année.
Il est vrai qu’elle augmentait à mesure sa population native, et ...
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