Annales de géographie, Volume 38, 1929Victor BérardL’Atlantide de PlatonL’Atlantide de PlatonAux temps homériques, les Hellènes, auditeurs des aèdes, avaient connu Calypso,« fille de cet Atlas aux perfides pensées qui connaît de la mer entière les abîmes etqui veille, à lui seul, sur les hautes Colonnes qui gardent, écarté de la terre, le ciel »( O d y s s., I, 52-54). Aux temps romains, Pline (VI, 36,2) entendait parler d’une îleAtlantide, située au pied du mont Atlas, t r a d i t u r i n s u l a c o n t r a m o n t e m A t l a n t e m e ti p s a A t l a n t i s a p p e l l a t a. Mais, pour l’antiquité classique, la seule et véritableAtlantide fut celle que Platon avait décrite en ses deux dialogues du T i m é e et duC r i t i a s ; géographes et philosophes, avec Posidonios et Strabon (II, 4, 6),admettaient le prétendu récit de Critias, touchant l’existence antérieure etl’effondrement de cette Atlantide.Ce fut désormais de cette Atlantide platonicienne que rêvèrent les Hellènes, puisleurs disciples de Rome et de l’Occident : c’est elle qui, depuis vingt-trois siècles,hante les cerveaux de l’humanité blanche. Comme les philosophes d’Athènes etd’Alexandrie, tous les savants du moyen âge, chrétiens, arabes ou juifs, firent duT i m é e un de leurs livres canoniques : ils le connaissaient, le lisaient et relisaient,sinon dans le texte, du moins dans la traduction latine, que Chalcidius en avaitdonnée au VIe siècle de notre ère, et l’une de nos écoles ...
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