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Leconte de Lisle
Poèmes antiques
Alphonse Lemerre, éditeur, s.d. (pp. 125-127).

Strophe I.
Le long des mers d’azur aux sonores rivages,
Par les grands bois tout pleins de hurlements pieux,
Tu passes lentement, mère antique des dieux,
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Leconte de Lisle Poèmes antiques Alphonse Lemerre, éditeur, s.d.(pp. 125-127).
Strophe I.
L e long des mers d’azur aux sonores rivages, Par les grands bois tout pleins de hurlements pieux, Tu passes lentement, mère antique des dieux,  Surle dos des lions sauvages. D’écume furieuse et de sueurs baignés, Les nymphes de l’Ida, les sacrés corybantes,  Déchirentleurs robes tombantes,  Etdansent par bonds effrénés.
Antistrophe I.
Consumés de désirs, dactyles et curètes, Les cabires velus délaissent leurs marteaux Et l’âtre où nuit et jour ruissellent les métaux  Aufond des cavités secrètes. Haletants, du sommet des rochers hasardeux, Comme de noirs troupeaux ils roulent sur les pentes,  Etles asphodèles rampantes  Ontcouronné leurs fronts hideux.
Epode I.
Ils accourent vers toi qui naquis la première,  Quiprésides à mille hymens ! Vierge majestueuse, éclatante ouvrière, Qui revêts de tes dons les dieux et les humains. Toi dont le lait divin sous qui germe la vie, Lumineuse rosée où nage l’univers,  Répandsur la terre ravie  L’étésplendide et les hivers !
Strophe II
Ô Silène de Nyse, ô bacchante inhumaine, Agitez en hurlant, ivres, tumultueux, Les thyrses enlacés de serpents tortueux ;  Io! Femmes de Dindymène !  Loindes profanes odieux,  Lestresses au vent déroulées, Sous les grands pins flambants des montagnes troublées, Io ! Chantez Cybèle, origine des dieux. Dans les sombres halliers de la forêt antique,  Io! L’oeil en feu, le corps nu,  Versezavec le van mystique  Legrain où tout est contenu !
Antistrophe II.
Cybèle, assise au centre immobile du monde, Reine aux yeux bienveillants, ceinte de larges tours, Salut, source des biens et source des longs jours,  Cybèle,ô nourrice féconde !
 Dusein du Pactole doré  Oùsont tes palais, ô déesse ! Tu donnes aux mortels la force et la sagesse, Tu respires l’encens du temple préféré. Secouant de ta robe un nuage de roses,  Dansl’éther splendide et sans fin  Tudéroules le chœur des choses,  Docilesà l’ordre divin !
Epode II.
 Soumisau joug des destinées, Tous les pâles humains aux rapides années  T’adjurentsous le poids des maux ; Et dans leurs cœurs blessés, ô sagesse, tu mêles  Aunoir souci de leurs travaux  Lesespérances immortelles : Le monde est suspendu, déesse, à tes mamelles : En un pli de ta robe il rêve aux jours nouveaux.
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