Fédor Mikhaïlovitch DostoïevskiJournal d’un écrivainTraduction J.-Wladimir Bienstock et de John-Antoine Nau.Charpentier, 1904 (pp. 181-185).IIconsidérations sur l’europeEn Europe et partout c’est la même chose. Les forces sur lesquelles nous comptions pour faire l’union, se sont-elles évanouiescomme un vain mirage ! Partout la division et les petits groupements. Voilà une question qu’un Russe ne peut s’empêcher deméditer : d’ailleurs, quel est le vrai Russe qui ne pense pas avant tout à l’Europe ?Oui, là-bas, tout semble aller encore plus mal que chez nous ; toutefois, en Europe, les raisons qui ont créé les petits groupementssont plus claires qu’en Russie. Mais n’est-ce pas encore plus désespérant ? C’est peut-être en ce fait que, chez nous, on ne sait tropbien découvrir où a commencé la désunion que réside encore un peu d’espoir ? On comprendra, peut-être, à la longue, quel’éparpillement de nos forces provient de causes artificielles, provoquées, et qui sait si l’accord ne se refera pas ?Mais là-bas, en Europe, aucun faisceau ne se reformera. Tout s’est morcelé en factions non comme en Russie, mais pour desraisons claires et précises. Là-bas, groupes et unités, vivent leurs derniers jours et le savent bien ; en tout cas ils semblent préférer lamort à l’abandon de leurs principes.À propos, tout le monde, chez nous, parle de la paix. On pronostique une paix durable ; on croit entrevoir un horizon clair. On veutreconnaître des signes de paix dans ...
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