Jean-Paul RichterPremière partieHenri BlazeRevue des Deux Mondes4ème série, tome 31, 1842Jean-Paul (Revue des Deux Mondes)/1De Wonsiedel à BaireuthIl y a un homme que l’Allemagne entière porte dans son cœur, un homme desentiment et d’observation, penseur toujours disposé à se laisser aller au capricede sa fantaisie, qui revêt d’illusions charmantes la réalité positive des existencesles plus simples, que les femmes surtout affectionnent, car il est leur confident leplus intime, car il lit dans le cœur de la jeune fille, de l’épouse, de la mère, et sait ysurprendre dans leur expression naturelle et puissante d’innombrables trésorsd’amour et de dévouement qui, avec lui du moins, jamais ne se dépensent endehors de l’ordre et de la loi légitime. Cet homme, plus Allemand que Goethe etSchiller, le plus national entre tous les poètes de l’Allemagne, qu’on ne peutconnaître sans l’aimer et qui presque partout éveille plus de sympathie qued’enthousiasme ; cet homme calme et pieux, qui n’a jamais touché qu’aux choseshonnêtes de la vie, exaltant l’amour, respectant le mariage et la famille ; ce poète dupauvre et de l’affligé qui s’installe de préférence sous le chaume le plus obscur ; ceconvive qui, par un soir d’hiver, lorsque le vent siffle dans les bruyères, vient àtravers les champs couverts de neige frapper à la porte d’un maître d’école devillage et célébrer la nuit de Noël avec ses enfans : c’est Jean-Paul.Notre but ne peut être en ce moment de faire ...
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