Revue Scientifique, 47e année, juillet 1909Edmond Perrier[1]Jean de Lamarck Jean de LamarckPour avoir rendu vraisemblable, à force d’arguments patiemment et habilementrassemblés, l’idée que les ressources de forces et de substances de notre globeont été suffisantes pour créer l’infinie variété des formes vivantes, et maintenirséparées leurs lignées durant de longues suites de générations, Charles Darwineut, en Angleterre, des funérailles nationales et fut inhumé à Westminster ; dansquelques jours, l’Université de Cambridge fêtera en grande pompe le centièmeanniversaire de la naissance de son glorieux élève. Par une remarquablecoïncidence, cette même année 1909 est aussi le centième anniversaire de lapublication d’une œuvre capitale : la Philosophie zoologique, où Jean de Lamarckproclame que les êtres vivants sont l’œuvre graduelle de la Nature ; qu’après avoirformé les plus simples d’entre eux, elle a su les modifier, les compliquer, suivant lestemps et les lieux, et que le corps humain lui-même, en tant que forme matérielle, aété soumis aux lois qui ont dominé cette grandiose évolution.Déjà il appuie, sur des arguments particulièrement pénétrants, et qui sontdemeurés debout après cent ans écoulés, cette doctrine, si neuve, si puissante, sihaute, désormais si magnifiquement victorieuse ; mais les esprits ne sont pasencore prêts pour de telles audaces.Sans doute, au siècle suivant, l’œuvre analogue de Darwin né triomphera pas d’unseul coup ; à côté ...
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