Je suis la Reine d'un château. Je suis la reine d'un château. Fort de ses banalités il en est surprenant. Deux princesses s'y adonnent à loisir. Opulentes d'imagination. Ogresses de rires sans fin. Elles recouvrent leurs lits d'étoffes et de robes précieuses. En choisissent, essayent, s'échangent dans une ronde de couleurs d'été, de printemps, de lune et de ciel. Parées de beaux atours, vers la salle elles courent et valsent. Valsent, en étalant tout autour d'elles, dans un bruissement d'ailes, le papillon de leurs jupons. Elles ajustent leurs diadèmes d'argent et d'or emmêlé sur leurs cheveux longs démêlés. Et se conseillent l'une et l'autre sur le port de la tête, la pose d'un pied et l'élégance d'un bras levé. Je dois alors prendre le rôle du prince à venir, me plier à l'art du baise-main en m'extasiant de la qualité de leurs révérences et m'évertuer à conduire une valse en comptant précisément les petits pas chassés. Certains jours, installées avec elles à la table du thé, je me permets de leur rappeler l'importance de l'auriculaire, bien droit légèrement élevé, de la tenue de la soucoupe, à l'horizontale, bien en-dessous de la tasse à thé. Il s'ensuit régulièrement, des gloussements qui emportent au-delà de la tasse le liquide juste chauffé. Et de petites auréoles se noient dans le florilège de couleurs de leurs robes. Peu importe pour elles, en une farandole, de bleu azur, bleu roi et or chamarré les voici changées.
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