Project Gutenberg's J.-K. Huysmans et le satanisme, by Joanny BricaudThis eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.orgTitle: J.-K. Huysmans et le satanisme d'apr s des documents in�dits �Author: Joanny BricaudRelease Date: March 30, 2006 [EBook #18085]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK J.-K. HUYSMANS ET LE SATANISME ***Produced by Suzanne Shell, Renald Levesque and the OnlineDistributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (Thisfile was produced from images generously made availableby the Biblioth que nationale de France (BnF/Gallica)) � JOANNY BRICAUD J.-K. HUYSMANS ET LE SATANISME D'APR �S DES DOCUMENTS IN DITS� PARIS BIBLIOTH �QUE CHACORNAC 11, QUAI SAINT-MICHEL, 11 MCMXIII DU M �ME AUTEUR: PO�SIE Au Cr puscule du Soir (_� puis _). � � PROSE Un disciple de Cl. de Saint-Martin: Dutoit-Membrini, _d'apr s des � documents in dits_. � La Petite glise. _Son histoire. Son � tat actuel._ � �l�ments d'Astrologie. Premiers l ments d'Occultisme.� ...
Project Gutenberg's J.-K. Huysmans et le satanisme, by Joanny Bricaud This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: J.-K. Huysmans et le satanisme d'apr � s des documents in � dits Author: Joanny Bricaud Release Date: March 30, 2006 [EBook #18085] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK J.-K. HUYSMANS ET LE SATANISME ***
Produced by Suzanne Shell, Renald Levesque and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Biblioth � que nationale de France (BnF/Gallica))
JOANNY BRICAUD
J.-K. HUYSMANS ET LE SATANISME
D'APR � S DES DOCUMENTS IN � DITS
PARIS BIBLIOTH � QUE CHACORNAC 11, QUAI SAINT-MICHEL, 11 MCMXIII
DU M � ME AUTEUR: PO � SIE Au Cr � puscule du Soir ( � puis � ). _ _ PROSE Un disciple de Cl. de Saint-Martin: Dutoit-Membrini, _d'apr � s des documents in � dits . _ La Peti � _ � actuel._ te glise. Son histoire. Son tat � l � ments d'Astrologie.
Premiers � l � ments d'Occultisme. Un Illumin � Martini _ � � _ ste: Cazotte ( puis ). Dom Pern � ty et les Illumin � s d'Avignon(_ � puis � _). Exposition de la Religion chr � tienne moderne. _EN PR � PARAT _ ION: La Messe Noire ancienne et moderne. Le Satanisme contemporain. La Cit � Mystique, roman. DIJON, IMP. DARANTIERE
J.-K. HUYSMANS ET LE SATANISME
Parler de Satanisme au XXe si � cle voil � qui doit sembler un anachronisme. C'est, la plupart du temps, b � n � volement s'exposer � des sourires d'ironie, de scepticisme et de d � dain. Ceux-l � m � me qui croient qu' � des � poques d � j � anciennes, le Prince du Mal put � pouvanter les � mes simples, se persuadent volontiers qu'il n'oserait s'aventurer en ce si � cle de lumi � res et de progr � s. Sorcelleries et sabbats, pactes, possessions et envo � tements, incubes et succubes, toutes choses qui firent trembler les � ges de foi, sont bel et bien finies. Satan est rel � gu � dans les brumes du pass � . Tout au plus, le tol � re-t-on encore dans _Faust_, sous le rouge pourpoint de M � phistoph � l � s! Erreur, profonde erreur! Le Satanisme fut m � me fort � la mode il y a quelques ann � es. Il ne se passait gu � re de mois, que la presse ne nous entret � nt d'envo � tements, de messes noires, c � l � br � es par des sc � l � rats, mystiques � rebours, maniaques du sacril � ge, perp � trant secr � tement les rites immondes du Satanisme. D'irr � futables documents attestent, en effet, de nos jours, l'existence du Satanisme. Les messes noires, les envo � tements, qui furent les scandales des si � cles pass � s, sont pratiqu � s aujourd'hui encore. Tout comme Dieu, Satan a ses fid � les d � vots, qui lui rendent un culte, en de t � n � breux sanctuaires. Un des mieux renseign � s sur ces effroyables rites, aussi bien pour le pass � que pour le pr � sent, � tait sans contredit J.-K. Huysmans, l'auteur de _L � -Bas_. Quand, en 1890, il publia ce livre, qui fit un bruit � norme dans les lettres, et avec lequel il atteignit la grande renomm � e, l'horreur de la banalit � , du � d � j � vu � , qui l'avait conduit jusqu' � l'extase devant _ _ l'artificiel--dans A Rebours --en lui faisant, par exemple, admirer la forme d'une orchid � e parce que cette fleur a l'air de fumer sa pipe, devait l'entra � ner jusqu'au tr � s rare, au tr � s � trange, au
monstrueux--dans L � -Bas --en lui faisant d � crire les sacril � ges _ _ obsc � nit � s de la messe noire et du Satanisme contemporain. Huysmans avait l'obsession du document. Les grimoires, les in-folios, les pi � ces authentiques des proc � s de sorcellerie, conserv � s dans les archives des biblioth � ques, lui fournirent, sur la Magie au moyen � ge, des documents pr � cis, d'o � sortirent de remarquables pages. Pour la Magie moderne, il se documenta dans les milieux occultistes et spirites. Il assista, d'abord en sceptique, aux s � ances spirites; mais son scepticisme dut s' � vanouir devant l' � vidence d'incontestables faits de mat � rialisations, d'apports, et de l � vitation d'objets. Il connaissait, au Minist � re de la Guerre, un chef de bureau, M. Fran � ois, qui � tait un extraordinaire m � dium. Tr � s souvent, r � unissant quelques amis dans son appartement de la rue de S � vres, Huysmans tentait, avec l'aide de M. Fran � ois, des � vocations. Un de ses familiers, M. Gustave Boucher, a racont � dans une petite brochure, non mise dans le commerce, les troublantes p � rip � ties d'une s � ance de spiritisme au cours de laquelle les assistants crurent � tre t � moins de la � mat � rialisation � du G � n � ral Boulanger[1]. _ � J.-K. [Note 1: Gustave Boucher: Une s ance de Spiritisme chez H _ � � � 00 uysmans . Niort, 1908. Une plaquette in-32 carr , tir e 2 exemplaires num � rot � s, non mis dans le commerce.] De toutes ces exp � riences, il lui resta l'impression d'une intelligence � trang � re et d'une volont � externe, se manifestant aux � vocateurs; mieux, il acquit la conviction qu'il y avait, malgr � la diversit � des pratiques, des points communs entre le Satanisme et les � vocations du spiritisme. Enfin, un astrologue parisien, Eug � ne Ledos--le Gevingey de _ � _ � � , achev � rent L -Bas --et un ancien pr tre habitant Lyon, l'abb Boullan de le documenter--faussement parfois, nous le verrons--sur le Satanisme moderne. _ _ � apr � s la mort de Huysmans, la lettre Le Matin a publi , quelque temps dans laquelle l' � crivain demandait � l'abb � Boullan des renseignements. Par retour du courrier ce dernier lui r � pondit que son concours lui � tait assur � . La correspondance entre Huysmans et l'abb � Boullan est volumineuse; elle date du 6 f � vrier 1890 au 4 janvier 1893, date de la mort myst � rieuse de ce dernier. Mais n'anticipons pas. _ � _ � � � u surnaturel, L -Bas parut en 1890. C' tait une d fense en r gle d bas � e sur deux ordres de faits: 1 � Une s � rie de faits purement historiques, se rapportant � l'histoire de Gilles de Rais et � la sorcellerie du moyen � ge; 2 � Une s � rie de faits relatifs au Satanisme moderne. Les Spirites, les Occultistes, les Rose-Croix satanisent plus ou moins, affirmait Huysmans: � A force d' � voquer des larves, les occultistes qui ne peuvent, bien entendu, attirer les Anges, finissent par amener les Esprits du Mal; et, qu'ils le veuillent ou non, sans m � me le savoir, ils se meuvent dans le diabolisme[2]. � En tout cas, ajoutait-il, si le Diable n'y est pas toujours, il en est bien pr � s! [Note 2: Cf. _L � -Bas_, page 427.] La Messe de Satan, la Messe Noire se c � l � bre de nos jours, disait-il
encore, et il en faisait une truculente description. Un chanoine, Docre, la c � l � brait. Dans son ardeur sacril � ge, ce monstrueux sacerdote s' � tait fait tatouer, sous la plante des pieds, l'image de la croix, de fa � on � toujours marcher sur le Sauveur! Il entretenait, dans des cages, des souris blanches, nourries d'hosties consacr � es et de poisons dos � s avec science, dont le sang servait aux pratiques de l'envo � tement. L'incubat et le succubat � taient fr � quents dans les clo � tres. L'arm � e de Satan se recrutait surtout dans le sacerdoce; � Il n'y a pas, sans pr � tre sacril � ge, de Satanisme m � r � , disait Huysmans. Le chanoine Docre � tait disait-on, un pr � tre des environs de Gand. La v � rit � est que si Huysmans assista � la messe noire, le r � cit qu'il en a fait n'est nullement une relation de choses vues. Certains d � tails sont emprunt � s � des documents anciens tir � s des Archives de Vintras. Mais la messe noire se disait. Malheureusement pour les curieux, cette messe maudite avait pour temples des locaux herm � tiquement ferm � s, et, pour fid � les, des gens li � s par un secret absolument inviolable. Quant au chanoine Docre, il � tait fait avec diverses personnalit � s et notamment deux eccl � siastiques que Huysmans avait beaucoup connus. L'un fut, ainsi qu'il l'a � crit dans L � -Bas , chapelain d'une reine en _ _ exil; il s'est pendu il y a quelques ann � es. L'autre, qui habitait en Belgique, � Bruges, � tait un pr � tre encore exer � ant, dans ce bijou gothique qu'est la chapelle du Saint-Sang, o � l'on montre aux fid � les, tous les vendredis, le sang de J � sus-Christ qui aurait � t � rapport � des Croisades par un comte de Flandre. Tout en gardant la physionomie tr � s exacte du chapelain qui se suicida, il assembla en un seul et m � me personnage les d � tails absolument certains qu'il poss � dait sur l'un et l'autre de ces deux pr � tres. Il y ajouta plusieurs traits relat � s dans des rapports d � j � class � s, comme la fameuse affaire de la voyante diabolique, Cantianille[3], o � il prit le d � tail de la croix tatou � e sous la plante des pieds pour la mieux fouler. [Note 3: Mme Cantianille B....., du dioc � se de Sens, morte il y a quelques ann � es seulement, fut, d � s l' � ge de deux ans, pourrie de larves. La maladie psychique atteignit son paroxysme � quinze ans, o � elle fut plac � e dans un couvent de Mont-Saint-Sulpice, et viol � e par un jeune pr � tre, qui la voua au diable. Renvoy � e du couvent, elle fut exorcis � e par un certain abb � Thorey, d'Auxerre, dont la cervelle ne para � t pas avoir bien r � sist � � ces pratiques. Ce fut bient � t, � Auxerre, de telles sc � nes scandaleuses, que Cantianille fut chass � e du pays et l'abb � Thorey frapp � disciplinairement par son � v � que. Le malheureux pr � tre � crivit deux volumes sur sa p � nitente, et l'affaire alla � Rome. Quant � Cantianille, elle garda jusqu' � la fin de sa vie le fun � bre don de propager sa maladie psychique.] En opposition au chanoine Docre, Huysmans r � v � lait un certain docteur Johann � s, qui n' � tait autre que l'abb � Boullan. A la question: Quel est ce docteur? Huysmans fait r � pondre par un des personnages de son livre: � C'est un tr � s intelligent et tr � s savant pr � tre. Il a � t � sup � rieur de communaut � et a dirig � , � Paris m � me, la seule revue qui ait jamais � t � mystique. Il fut aussi un th � ologien consult � , un ma � tre reconnu de la jurisprudence divine; puis il eut de navrants d � bats avec la Curie du Pape, � Rome, et avec le Cardinal Archev � que de Paris. Ses exorcismes, ses luttes contre les incubes qu'il allait combattre dans les couvents de femmes, le perdirent[4]. � [Note 4: Cf. _L � -Bas_, page 283.]
Quel � tait donc en v � rit � cet abb � Boullan, � qui Huysmans s' � tait adress � pour la documentation de son livre, et qu'il affirmait � missionn � par le Ciel pour briser les manigances infectieuses du Satanisme, pour pr � cher la venue du Christ glorieux et du divin Paraclet[5] � ? [Note 5: _L � -Bas_, page 395.] Un proc � s en escroquerie, jug � en 1865 devant la Chambre des appels correctionnels de Paris, va nous faire conna � tre de curieux d � tails sur notre abb � et sur les � tranges doctrines qu'il professait. Pr � tre du dioc � se de Versailles, docteur en th � ologie, ancien sup � rieur d'une communaut � de Strasbourg, auteur de plusieurs ouvrages canoniques, traducteur de la Vie de la Sainte Vierge de la c � l � bre visionnaire _ _ _ er de Marie_--dont fut accus � , un Catherine Emmerich, fondateur du Rosi jour, M. Naquet d'avoir � t � l'assidu collaborateur--l'abb � Boullan � tait un cerveau inquiet et assoiff � d'absolu. Jeune encore, il avait eut, en 1856, � s'occuper d'une religieuse de Saint-Thomas de Villeneuve, � Soissons, la soeur Ad � le Chevalier. Cette religieuse racontait qu'abandonn � e par tous les m � decins, elle avait � t � gu � rie miraculeusement d'une c � cit � et d'une congestion pulmonaire, par l'intercession de Notre-Dame de la Salette. C' � tait au mois de janvier 1854 que le miracle s' � tait produit: elle � tait alors soeur postulante chez les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve. La nouvelle s'en � tait rapidement r � pandue dans tout le dioc � se et l' � v � que de Soissons avait d � l � gu � son vicaire g � n � ral pour proc � der � une enqu � te. Les conclusions du rapport r � dig � par cet eccl � siastique � taient nettes et pr � cises: � Apr � s avoir m � rement r � fl � chi sur les circonstances dans lesquelles Ad � le Chevalier a obtenu le recouvrement de la vue et la gu � rison pulmonaire qui s' � tait pr � sent � e avec des caract � res de gravit � si alarmants, _je n'h � site pas � croire � une intervention surnaturelle_ de la m � re de Dieu. � A partir de cette � poque, la soeur Chevalier affirma qu'elle ne cessait d' � tre inspir � e de la gr � ce divine, qu'elle � tait en communication avec la Vierge, dont elle recevait fr � quemment des r � v � lations par une voix myst � rieuse. En 1856, la sup � rieure de la Communaut � des dames de Saint-Thomas l'envoya � Notre-Dame de la Salette, o � l'appelaient, disait-elle, des voix surnaturelles. Les P � res de la Salette examin � rent son � tat et en furent si frapp � s qu'ils demand � rent � l' � v � que de Grenoble l'autorisation de la confier � la direction de l'abb � Boullan dont la science th � ologique et mystique leur � tait, disaient-ils, bien connue. L'abb � Boullan eut foi, d � s les premiers jours, dans l' � tat surnaturel de sa p � nitente. Il conclut au miracle, et il fut d � cid � , qu'il se rendrait � Rome pour pr � senter ledit miracle � l'examen du Pape et du Sacr � Coll � ge. Mais cette mission ne fut pas la seule qu'il alla accomplir � Rome. Vers la m � me � poque, il avait eu � s'occuper de la direction d'une demoiselle Marie Roche, qui lui avait � t � confi � e par l' � v � que de Rodez: elle aussi pr � tendait avoir une mission divine et recevoir du ciel des inspirations proph � tiques. Des � v � nements de la plus haute gravit � lui avaient � t � annonc � s qui devaient frapper d' � tonnement toute l'Europe. Une partie de ces proph � ties s'appliquait au Pape qui devait mourir de mort violente; une autre � l'empereur des Fran � ais qui, s'il n'accomplissait pas les ordres que Marie Roche � tait charg � e de lui
r � v � ler, devait p � rir de la main de ses officiers, pour faire place � Henri V. Cette Marie Roche fut conduite � Rome par l'abb � Boullan, pr � sent � e au Sacr � Coll � ge, admise m � me � expliquer sa mission devant le Pape. De retour de Rome, apr � s deux ann � es, l'abb � Boullan retrouva Ad � le Chevalier et reprit sa direction. Pr � tendant avoir re � u de la Vierge une r � v � lation dans laquelle elle lui ordonnait de fonder une oeuvre religieuse qui s'appellerait: _Oeuvre de la r � paration des � mes , et _ en avoir � crit les r � gles sous une dict � e divine, la soeur Chevalier s'occupait d'organiser cette oeuvre. D'accord avec son directeur, elle l'installa � Bellevue, dans le d � partement de Seine-et-Oise, avec l'approbation de plusieurs pr � lats hauts plac � s. Bient � t, on signala dans l'int � rieur de la communaut � des pratiques bizarres. L'abb � Boullan y gu � rissait, par des proc � d � s � tranges, des maladies _diaboliques_, dont auraient � t � atteintes les religieuses: une des soeurs � tant tourment � e par le D � mon, l'abb � , pour l'exorciser, lui crachait dans la bouche; � une autre, il faisait boire de son urine m � lang � e � celle de la soeur Chevalier; � une troisi � me il ordonnait des cataplasmes de mati � re f � cale. De plus, des eccl � siastiques � crivaient � l'abb � Boullan et � la soeur Chevalier pour leur demander--moyennant finances--comment ils pourraient se concilier la faveur de la Sainte Vierge; des femmes du monde, enfin, les consultaient sur des cas de conscience incroyables. Il y eut bient � t, aupr � s de l' � v � que de Versailles, des plaintes nombreuses. Une instruction fut ouverte contre l'abb � Boullan et la soeur Chevalier, accus � s d'escroquerie et d'outrage public � la pudeur. Sur ce dernier chef, le Tribunal correctionnel de Versailles rendit une ordonnance de non-lieu, et les condamna seulement pour escroquerie � trois ans de prison. Rendu � la libert � , l'abb � Boullan continua ses pratiques d'exorcisme. Mand � � l'archev � ch � de Paris, o � on le sommait de s'expliquer sur le cas d'une � pileptique qu'il disait avoir gu � rie � l'aide d'une relique de la robe sans couture du Christ conserv � e � Argenteuil, le cardinal Guibert, apr � s avoir entendu ses explications sur les cures des sortil � ges et les doctrines dont il � tait le propagateur, le frappa d'interdit . Il se rendit aussit � t au Vatican pour protester contre la _ _ mesure disciplinaire qui le frappait, mais il en fut chass � : le Vatican avait eu horreur de ce pr � tre qui osait soutenir avoir re � u du ciel la mission de combattre l'enfer par la profanation de l'hostie et par l'ordure. A la suite de ces aventures, notre abb � quitta l' � glise. Il s'en vint � Lyon aupr � s du c � l � bre proph � te et mystique: Eug � ne Vintras, dont il avait fait la connaissance � Bruxelles. Vintras a laiss � une r � putation discut � e et troublante; mais ceux qui l'ont connu peuvent t � moigner de la saintet � de sa vie. Fils d'ouvrier, ouvrier lui-m � me, sans fortune, sans � ducation, d � pourvu de tout ce qui paraissait indispensablement n � cessaire � l'accomplissement d'une grande oeuvre, l'Esprit r � v � lateur le cultiva, le fa � onna, le p � trit pour ainsi dire, l' � leva � la hauteur de sa mission et le fit atteindre aux plus hauts sommets de la r � v � lation et de la mystique. Proph � te, ceux qui le connurent subirent le charme de son verbe et de sa majest � imp � rative; il exer � ait une puissance de fascination extraordinaire. Mystique, il s' � levait de terre, devant t � moins, lorsqu'il priait; sa doctrine, il l'appuyait sur des miracles. Sur son autel se produisaient des ph � nom � nes � tranges: quand il consacrait,
les hosties sortaient du calice et restaient suspendues dans l'espace; d'autres, gardaient des stigmates sanglants[6]. [Note 6: Nous avons en notre possession des cahiers contenant la reproduction exacte des 250 premi � res hosties miraculeuses apparues avec des signes sanglants sur l'autel du proph � te Vintras. Sur ces 250, 125 furent saisies en 1842 par l' � v � que de Bayeux; les autres, jusqu' � ces derniers temps, � taient conserv � es � Lyon dans une chapelle particuli � re, et n' � taient, malgr � les ann � es, ni d � t � rior � es ni corrompues.] Boullan se rallia � la doctrine d'Eug � ne Vintras, et � la mort de ce dernier, survenue en 1875, se pr � tendit son successeur; mais il ne fut pas reconnu par la majorit � des Vintrasistes qui le consid � r � rent comme schismatique. Comme Vintras, l'abb � Boullan avait le don de fascination et il ne tarda pas d'accomplir aussi d'incroyables prodiges. Il gu � rissait, au moyen de pierres pr � cieuses, des enfants nou � s, et plusieurs femmes--dont une Parisienne des plus cit � es dans le monde artistique--furent soulag � es d'une maladie de matrice r � put � e incurable par les plus savants docteurs, par l'imposition sur les ovaires d'hosties consacr � es. La mani � re dont il s'y prenait pour combattre les envo � tements et les mal � fices a � t � � � � _L � -Ba _ r v l e par Huysmans dans s . Ceux qui ont connu ce petit vieillard all � gre, aux yeux de flamme, avec un front d'inspir � et une m � choire puissante, entendent encore sa parole sybilline et voient encore son regard de feu, qui semblait fouiller dans les cerveaux. Il vivait tr � s retir � � Lyon, rue de la Martini � re, chez un architecte, M. Misme, excellent vieillard pr � occup � de retrouver l' � lixir de Paracelse. Il avait avec lui deux voyantes: Mme Laure et Mme Thibaut. Mme Thibaut, paysanne au regard d'aigle, au verbe villageois, et qui, depuis des ann � es, ne mangeait que du pain tremp � dans du lait, avait fait � pied les p � lerinages les plus lointains, et n'avait qu' � soulever les prunelles au-dessus de ses lunettes pour apercevoir les l � gions de l'invisible. Huysmans a trac � d'elle un exact portrait dans la _ Cath � drale_, sous le nom de Mme Bavoil. C'est � Lyon, dans l' � t � de 1891, que Huysmans vint voir l'abb � Boullan. Il visita le modeste sanctuaire o � celui-ci combattait, � l'aide des sacrifices � tablis par � lie Vintras, ses ennemis de Paris, de Bruges et de Rome. Rev � tu de la grande robe rouge Vintrasienne que serrait � la taille une cordeli � re bleue, t � te nue et pieds nus, il pronon � ait le � Sacrifice de gloire de Melchiss � dech � qui devait confondre ses ennemis. Huysmans qui assista � plusieurs de ces combats, d � clara en avoir emport � le souvenir le plus tragique. Les envo � teurs se vengeaient de Boullan en ne le laissant jamais tranquille. Il d � signait entre autres, parmi ses ennemis acharn � s, les occultistes parisiens: le marquis Stanislas de Guaita, Oswald Wirth et le Sar P � ladan, fondateurs de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Nous croyons, pour l'intelligence de ce qui va suivre, qu'il ne sera pas compl � tement inutile de nous arr � ter quelques instants sur la myst � rieuse fraternit � des Rose-Croix kabbalistes et la personnalit � de ses � tranges fondateurs. Fond � e en la fin du quatorzi � me si � cle, par Chr � tien Rosencreuz, la soci � t � des Rose-Croix, qui fit surtout parler d'elle au d � but du
dix-septi � me si � cle, en France et en Allemagne, � tait une confr � rie alchimique, m � dicale, kabbalistique et gnostique. Les Fr � res de la Soci � t � � taient dou � s de pouvoirs � tendus, et leur grand secret portait principalement sur les quatre points suivants: transmutation des m � taux; art de prolonger la vie; connaissance de ce qui se passe dans les lieux � loign � s; application de la kabbale et de la science des nombres � la d � couverte des choses les plus cach � es. Dans le courant du dix-neuvi � me si � cle la soci � t � semblait devoir � � � _ rdre s' teindre, lorsque vers 1888, elle fut r nov e sous le nom d' O kabbalistique de la Rose-Croix_ par des h � ritiers directs de ses traditions. En apparence (et extra) disait la CONSTITUTION SECR � TE DE L'ORDRE, _ _ _ _ la Rose-Croix r � nov � e est une soci � t � patente et dogmatique pour la _ diffusion de l'occultisme. _ En r � alit � _ (et intus) _c'est une soci � t � secr � te d'action pour _ l'exhaussement individuel et r � ciproque; la d � fense des membres qui la composent; la multiplication de leurs forces vives par r � versibilit � ;_ LA RUINE DES ADEPTES DE LA MAGIE NOIRE, _et enfin la lutte pour r � v � ler � la th � ologie chr � tienne les magnificences � sot � riques dont elle est grosse � son insu._ La Rose-Croix � tait dirig � e par un Supr � me Conseil dont faisaient partie des litt � rateurs et des occultistes connus: le Sar P � ladan, Stanislas de Guaita, Papus, Paul Adam, Barlet, l'abb � Alta, Polti, Albert Jounet. Stanislas de Guaita � tait leur chef. Po � te, il avait d � but � dans les lettres par des vers adress � s du lyc � e de Nancy � quelques jeunes revues litt � raires de Paris. Maurice Barr � s, qui fut son ami intime, nous a racont � jadis leurs longues ann � es pass � es ensemble � lire les parnassiens et � r � ver. Il tomba sur les livres d' � liphas L � vy que lui indiqua, dit-on, Catulle Mend � s. Ils furent pour lui une r � v � lation. D � sormais, il abandonna les c � nacles des po � tes pour s'enfermer dans ce petit rez-de-chauss � e de l'avenue Trudaine, � Paris, o � il vivait entour � de vieux grimoires et de livres de prix, manuscrits de Kabbale et de Magie, dormant le jour, travaillant la nuit, s'aidant de morphine, � � � _ ciences de caf ine et de haschich, tout entier crire ses Essais de S Maudites . _ Aventurier du myst � re, il aima risquer sa sant � et sa raison en des conflits avec l'inconnu. Les larves hantaient sa maison et Paul Adam, Laurent Tailhade et le d � licat po � te � douard Dubus assist � rent, chez lui, � d' � tranges s � ances. A ce redoutable voisinage, le cerveau de Dubus ne r � sista pas: il devint d � ment. Guaita ne surv � cut gu � re non plus � ces apparitions insolites. Lorsque nous le v � mes, il � tait d � j � malade. Il allait se retirer en son ch � teau d'Alteville, en Lorraine, o � il devait mourir peu apr � s. L'abb � Boullan, qui se donnait comme un haut initi � des sciences divines et du plus pur occultisme, devait fatalement rencontrer de Guaita et ses amis. Ce fut, croyons-nous, par l'interm � diaire du marquis d'Alveydre qu'ils firent connaissance vers 1885. Ils furent d'abord tr � s li � s. Comment se brouill � rent-ils? Nous l'ignorons[7]. Toujours est--il que Boullan accusait ces derniers de le vouloir tuer par des moyens occultes tels que l'envo � tement.
[Note 7: Nous poss � dons, provenant de la Biblioth � que de l'abb � Boullan, la premi � re � dition de l'ouvrage de St. de Guaita: _Au Seuil du Myst � re , avec la d � dicace: _ � Au docteur Jean-Baptiste Boullan, Hommage de respectueuse et fraternelle affection en Jeschou. Stanislas de Guaita. � ] Les Occultistes de Paris, Guaita particuli � rement , � crivait-il � _ _ Huysmans, sont venus ici m'arracher les secrets de la puissance. _ Guaita, m � me, s'agenouilla devant Mme Thibault et la conjura de lui donner sa b � n � diction: � Je ne suis qu'un enfant qui apprend � disait-il. _ _Pendant plus de quinze jours nous lui f � mes une famille. A peine � tait-il parti, emportant le manuscrit du SACRIFICE DE GLOIRE, _le _ livre magique par excellence, qu'une nuit je me r � veillai frapp � au coeur. Mme Thibault, chez qui je courus, me dit: � C'est Guaita � . Je _ _ m'affaissai en criant: � Je suis mort � . Apr � s quelque secours, je pus me redresser et me fis porter � l'autel qui est toute ma force; je dis le Sacrifice de Gloire qui rompt la complicit � des m � chants; je pris les saintes esp � ces, et, ranim � , je me recouchai et dormis. Guaita lui-m � me, pratiquant la reconnaissance � rebours, me fit savoir qu'il avait voulu exercer contre moi la puissance que je lui avais octroy � e..._ Il eut une fois la jambe travers � e jusqu' � l'os par des effluves fluidiques. Une autre fois, l'autel manqua � tre renvers � , il � tait devenu le point de contact, le lieu d'explosion des deux fluides antagonistes, celui de Boullan et celui des envo � teurs. Huysmans racontait lui-m � me, qu'apr � s la publication de _L � -Bas_, il n'avait pas � chapp � aux attaques des occultistes de la Rose-Croix. Plusieurs fois, disait-il, il aurait � t � en danger de mort, sans l'intervention de l'abb � Boullan. Un jour (il � tait alors chef de division au Minist � re de l'int � rieur), il re � ut de Lyon une lettre l'informant de n'aller � son bureau sous aucun pr � texte. Il suivit ce conseil, et bien lui en prit. Le jour m � me, une lourde glace surmontant le bureau qu'il occupait au Minist � re, s'abattit sans qu'on s � t pourquoi ni comment, fracassant tout et criblant le cabinet d' � clats de verre. Il e � t � videmment � t � tu � . De cela, Huysmans accusait nettement le marquis de Guaita. Huysmans disait encore, parlant de Guaita et de P � ladan, qu'ils avaient tout tent � contre lui, avant et surtout apr � s son roman _L � -Bas_. Je suis certain, affirmait-il, qu'ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour me nuire. Et il racontait que chaque soir, � la minute pr � cise o � il allait s'endormir, il recevait sur le cr � ne et sur la face des coups de poings fluidiques.--Je voudrais croire, ajoutait-il, que je suis tout bonnement en proie � de fausses sensations purement subjectives, dues � l'extr � me sensibilit � de mon syst � me nerveux; mais j'incline � penser que c'est bel et bien affaire de magie. La preuve, c'est que mon chat qui ne risque pas, lui, d' � tre hallucin � a des secousses, � la m � me heure et de la m � me sorte que moi! Ces fluides, Huysmans les comparait au souffle d'une machine d' � lectricit � statique. Ils l'importunaient et l'emp � chaient de dormir. Il se rendit � Lyon, aupr � s de l'abb � Boullan, lequel, aid � de Mme Thibault, accomplit le � Sacrifice de Gloire � et le lib � ra du mal � fice. Apr � s la mort de Boullan, Huysmans affirmait que la sensation bizarre de chaque soir avait redoubl � , et que les attaques fluidiques avaient
repris de plus belle. Il dut avoir recours � Mme Thibault qui restait, disait-il, � son unique bouclier par sa saintet � hors d'atteinte � et qui le d � livra d � finitivement. La lutte entre Boullan et ses ennemis dura jusqu'en 1893, date de sa mort. Il se proposait de partir pour Paris, o � il devait faire des conf � rences sur la kabbale, � la salle des Capucines, lorsqu'une mort myst � rieuse le terrassa dans la nuit du 4 janvier 1893. A en croire les amis de l'abb � Boullan sa mort � tait due � des pratiques magiques: il avait � t � frapp � par des mains invisibles et criminelles, arm � es de foudres occultes, de forces redoutables et inconnues.--J' � tais � Lyon, disait Huysmans, lorsque parvint chez Boullan une des lettres de la Rose-Croix, sign � e de Guaita, condamnant � mort par les fluides celui qui vient de mourir. Mme Thibault assistait par la voyance aux coups repouss � s de Lyon � Paris. Boullan, l'hostie � la main, invoquait les grands Archanges pour qu'ils pulv � risent ces _ouvriers d'iniquit � ! _ Il semble d'ailleurs que Boullan ait eu de funestes pressentiments, � en juger par les craintes dont il fit part dans une lettre adress � e � Huysmans et qui jette sur cet � v � nement un jour � trange. En voici quelques fragments: _ _ Quis est Deus? Lyon, 2 janvier 1893. _ _ _ _ Bien cher ami J.-K. Huysmans, _ � e Nous avons re u avec joie votre lettre qui nous apportait vos voeux d cette nouvelle ann � e. Elle s'ouvre sous de tristes pressentiments, cette ann � e fatidique, dont les chiffres 8-9-3 forment un ensemble d'annonces terribles................................................... _ ....................................................................... 3 janvier.--Ma lettre en � tait l � hier au soir, pour attendre celle de _ la ch � re Mme Thibault; mais cette nuit un accident terrible a eu lieu. A trois heures du matin, je me suis � veill � suffoqu � ; j'ai cri � : � Madame Thibault, j' � touffe � , deux fois. Elle a entendu, et en arrivant pr � s de moi, j' � tais sans connaissance. De 3 heures � 3 heures 1/2 j'ai � t � entre la vie et la mort. A Saint-Maximin, Mme Thibault avait r � v � de Guaita, et le matin, un oiseau de mort avait cri � . Il annon � ait cette attaque. M. Misme avait r � v � � cela. A 4 heures, j'ai pu reprendre mon sommeil, le danger avait disparu.......................................................... ....................................................................... _ Dr J.-A. Boullan. _ _ Il devait trouver la mort m � me, le lendemain! Voici son agonie relat � e par Mme Thibault, elle-m � me, dans une lettre qu'elle adressait � Huysmans. Nous la prendrons au moment o � nous a laiss � Boullan. _... A quatre heures, apr � s avoir bu une tasse de th � , il a transpir � beaucoup; j'ai rallum � le feu; je lui ai fait chauffer une chemise qu'il a mise, et tout est rentr � dans son � tat normal. Il s'est lev � comme d'habitude, et il s'est mis � � crire, aussit � t le jour venu, son article pour_ LA LUMI � RE _que Lucie Grange lui avait demand � , puis une lettre � un ami; il voulait porter cela � la poste lui-m � me, je n'ai pas voulu; je lui ai dit qu'il faisait trop froid pour lui..................................................................
L'heure du d � ner est venue; il s'est mis � table et a bien d � n � ; il � tait tr � s gai; m � me il est all � rendre sa petite visite quotidienne aux dames Gay, et lorsqu'il est rentr � il m'a demand � si j'allais � tre bient � t pr � te pour la pri � re. Nous arrivons pour prier; quelques minutes apr � s, il se sent mal � l'aise; il pousse une exclamation et il dit: � Qu'est-ce que c'est? � . En disant cela, il s'affaissait sur lui-m � me. Nous n'avons eu que le temps, M. Misme et moi, de le soutenir et de le conduire sur son fauteuil, o � il put rester pendant la pri � re que j'ai abr � g � e pour pouvoir le faire coucher plus vite................................. La poitrine est devenue plus oppress � e, la respiration plus difficile; au milieu de toutes ces luttes, il avait une maladie de foie et de coeur. Il me disait: � Je vais mourir. Adieu. � Je lui r � pondais: � Mais, mon P � re, vous n'allez pas mourir; et votre livre que vous avez � faire? Il faut bien que vous le fassiez[8]! � Il � tait content que je lui dise cela... il m'a demand � de L'EAU DU SALUT. Apr � s avoir bu une gorg � e, _ _ il nous disait: � C'est cela qui me sauve. � Je ne m'effrayais pas trop: nous l'avions vu tant de fois aux portes de la mort et se remettre quelques heures apr � s! Je croyais que ce ne serait que passager. Il nous a parl � jusqu'au moment de la derni � re crise... Je lui dis: � P � re, comment vous trouvez-vous? � Il me jeta son dernier regard d'adieu. Il n'a plus pu nous parler. Il est entr � en une agonie qui a dur � � peine deux minutes... Il est mort en saint et en martyr; toute sa vie n'a � t � qu' � preuves et souffrances depuis seize ans et plus que je le connais............................................................... � dais un triste d � nouement avec to _ _ s qu'il j'appr hen utes ces lutte avait soutenues pour lui et pour d'autres. Je suis � tonn � e qu'il soit venu jusqu'ici. Je crois qu'il avait rempli sa t � che. Sa mort m'avait � t � montr � e depuis plus de six ans, et, au moment o � j'allais prendre le train � Saint-Maximin pour partir aux Saintes-Maries, un oiseau est venu me jeter plusieurs cris. Il n' � tait pas jour. Il � tait six heures du matin. J'ai dit tout haut devant quelques personnes: � Ah! mon Dieu! une mort que cet oiseau m'annonce. � Et j'ai senti que c' � tait le pauvre P � re. Je repoussais cette inspiration; je ne m'attendais pas qu'elle allait arriver cinq jours apr � s ma rentr � e � Lyon..................... ...................................................................... _ ...................................................................... [Note 8: L'abb � Boullan s'appr � tait, para � t-il, � publier le _ _ Zohar en fran � ais.] La mort myst � rieuse de l'abb � Boullan fut l'occasion d'une vive pol � mique entre � crivains occultistes: Huysmans et Jules Bois d'une part, et Stanislas de Guaita de l'autre. Nous avons dit plus haut que Huysmans attribuait nettement cette mort aux pratiques magiques de Stanislas de Guaita. Jules Bois, de son c � t � , accusa formellement de Guaita et ses coll � gues de la Rose-Croix d'avoir envo � t � l'abb � Boullan. Tous les honn � tes gens ont � t � de mon c � t � quand j'ai d � voil � les agissements sataniques des Rose-Croix de Paris, disait Huysmans. Jules Bois � crivait dans le _Gil B _ las : � ... Je crois de mon devoir de relater les faits: l' � trange pressentiment de Boullan, les visions proph � tiques de Mme Thibault et de M. Misme, ces attaques, para � t-il, indiscutables, des Rose-Croix Wirth, P � ladan, Guaita, contre cet homme qui est mort. On m'a assur � que M. le marquis de Guaita vit seul et sauvage; qu'il manie les poisons avec une grande science et la plus merveilleuse s � ret � ; qu'il les volatilise et les dirige dans l'espace; qu'il a m � me--M. Paul Adam, M. Dubus, M. Gary de Lacroze l'ont vu--un esprit familier enferm � chez lui dans un placard et qui en sort visible sur son ordre...