Jules JaninH o r a c eRevue des Deux Mondes, Période initiale, 4eme série, tome 29, 1842 (pp. 81-116).Un membre très savant et très diffus de l’Institut de France, un de ces éruditsmalheureux qui n’ont pas eu le temps de mettre dans leur style cette élégance quifait pardonner toutes choses, même la science mal digérée, M. Walckenaër, s’estattaché, dans sa vie, à persécuter d’une indigeste biographie le plus aimable poète[1]de l’antiquité, Quintus Horatius Flaccus , et le plus charmant poète des tempsmodernes, Jean de La Fontaine. Certes, si deux hommes de génie devaient secroire à l’abri des annotateurs, des commentateurs et surtout des biographes,c’étaient ces deux poètes-là : Horace, La Fontaine ; deux rêveurs, deux inspirés quiattendaient l’inspiration quand elle voulait venir, deux vagabonds indomptables,indomptés, à ce point que celui-ci refusa d’être le secrétaire intime de l’empereurAuguste, pendant que celui-là n’eut rien de plus pressé que de célébrer lesurintendant Fouquet tombé dans la disgrâce du roi Louis XIV. Quoi donc ! lescribler de toutes sortes d’explications sans fin et sans cesse, ces deux hommes,l’honneur de la poésie, de la sagesse humaine et du beau langage ! quoi donc !étouffer toutes ces fleurs charmantes et doucement écloses sous ce lourd attirail !perdre sa vie à commenter péniblement les excellentes merveilles de deux noblesesprits, quand on pouvait passer sa vie à les lire, à les aimer, à les comprendre…certes voilà, à ...
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