Leconte de Lisle
Poèmes antiques
Alphonse Lemerre, éditeur, s.d. (pp. 248-261).
Études latines
I. Lydie
La jeunesse nous quitte et les grâces aussi ;
Les désirs amoureux s’envolent après elles,
Et le sommeil facile. À quoi bon le souci
Des espérances éternelles ?
L’aile du vieux Saturne emporte nos beaux jours,
Et la fleur inclinée au vent du soir se fane :
Viens à l’ombre des pins ou sous l’épais platane
Goûter les tardives amours.
Ceignons nos cheveux blancs de couronnes de roses,
Buvons, il en est temps encore, hâtons-nous :
Ta liqueur, ô Bacchus, des tristesses moroses
Est le remède le plus doux.
Enfant, trempe les vins dans la source prochaine,
Et fais venir Lydie aux rires enjoués,
Avec sa blanche lyre et ses cheveux noués
À la mode laconienne.
II. Licymnie
Tu ne sais point chanter, ô cithare ionique,
En ton mode amolli doux à la volupté,
Les flots siciliens rougis du sang punique,
Numance et son mur indompté.
Ô lyre, tu ne sais chanter que Licymnie,
Et ses jeunes amours, ses yeux étincelants,
L’enjouement de sa voix si pleine d’harmonie,
Ses pieds si légers et si blancs.
Toujours prompte, elle accourt aux fêtes de Diane ;
Aux bras nus de ses sœurs ses bras sont enlacés ;
Elle noue en riant sa robe diaphane,
Et conduit les chœurs cadencés.
Pour tout l’or de Phrygie et les biens d’Achémène,
Qui voudrait échanger ces caresses sans prix,
Et sur ce col si frais ces baisers, ô Mécène,
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