Les Fleurs du mal De BAUDELAIRE L’œuvre à l’examen oral Par Françoise Rullier-Theuret Petits Classiques Larousse -1- Les Fleurs du mal de Baudelaire SPLEEN LECTURE ANALYTIQUE Le mot SPLEEN (étude lexicologique) • Origine du mot : L’angoisse d’être au monde et de devoir vivre est si insaisissable qu’elle n’a pas de nom. Échouant à la désigner, la langue recourt à un terme étranger (emprunt) et même doublement étranger, puisque l’anglais spleen « humeur noire, bile » est un emprunt au grec splên qui désignait la rate. Le mot anglais est transposé tel quel par le français, sans adaptation graphique (à part un erratique spline chez Diderot en 1760), ni phonétique. L’emprunt n’est pas rapporté aux structures françaises, il n’est pas « assimilé » (cf. riding coat > redingote, beefsteak > bifteck, fuel > fioul, starlet > starlette). L’origine étrangère n’est pas effacée, le mot reste hors système par ses particularités graphiques et phonétiques: l’orthographe continue à maintenir la perception de l’étrangeté de ce mot, nous obligeant à le prononcer à l’anglaise. Ici, en tant que titre, il ne s’intègre même pas à la syntaxe française puisqu’il ne prend pas de déterminant. Cette étrangeté fait qu’il n’a pas un champ dérivationnel important: spleenétique (emprunt à l’anglais) entre en concurrence avec splénétique « qui souffre de la rate », attesté en moyen français. Le mot spleen a ...
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