[1]Essais de Philosophie par M. Ch. de RémusatJules SimonRevue des Deux Mondes4ème série, tome 30, 1842Essais de Philosophie par M. Ch. de RémusatUn préjugé, né de la révolution, et qui, chassé de tous les bons esprits, trouveencore des défenseurs parmi ceux qui exagèrent le principe de Caton et l’amourdes causes vaincues, c’est que la philosophie sensualiste, la philosophie de Baconet de Locke, est notre philosophie nationale. Parce que le sensualisme a porté lesderniers coups à l’ordre social qui a péri en 93, on lui attribue tout l’honneur de lavictoire, sans songer que, le lendemain de la bataille, ce grand triomphateur s’esttrouvé au nombre des morts. Philosophie sans postérité, elle a paru à point nomméquand il ne fallait que détruire, et, comme son principe l’y condamnait à l’avance,elle s’est détruite elle-même avec tout le reste. La France ignorait-elle la liberté,quand Voltaire et les encyclopédistes se sont faits les précepteurs de l’espritpublic ? Deux siècles avant la révolution, Descartes avait proclamé ce premierprincipe de toute philosophie comme de toute révolution libérale, l’absolueindépendance de la pensée. Qui donc, si ce n’est lui, avait accoutumé les esprits àsecouer les préjugés, à ne croire que sur démonstration, à mesurer les droits surles devoirs, à compter pour le premier de tous les droits celui de chercher librementla vérité, de la propager sans entraves, et, dans la science, de ne relever que de laraison ? Il importe ...
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